Le (long) titre du premier "grand format" d'Anne Ariane Louis-Seize laisse peu de place au doute quant aux intentions du film et à ce que sera son contenu. Il dévoile également et surtout beaucoup de ce que le film ne sera pas.

Fable "vampiristico-humaniste", parabole des difficultés du passage à l'âge adulte, "Vampire humaniste...." s'inscrit dans la tendance récente des films de vampires, abandonnant l'horreur et le fantastique au profit de considérations philosophiques ou même comiques ( (Vampires en toute intimité, Vampire Academy, Only Lovers Left Alive.....)

Suivant ce mouvement, probablement initié par les romans d'Anne Rice et leur adaptation cinématographique, la figure du vampire a peu à peu perdu de son aura quasi mythologique, pour recouvrir un visage plus humain, ceux-ci (les vampires) conservant certes, des pouvoirs surnaturels mais subissant les contraintes liées à leur état comme une malédiction "empêchante", alors qu'il s'agit désormais de s'intégrer à la société... (Pourquoi pas ...)

Si cette mouvance a permis d'offrir quelques très bons films (le Jarmusch, notamment qui aborda de manière opportune et très poétique la question de l'éternité), certaines productions ont eu des résultats un peu plus maladroits (restons corrects), ou même carrément malheureux.

Comment ne pas penser à la soupe insipide servie par certaines séries, même si je me suis également laissé avoir par l'une d'entre elles que j'aime inexplicablement beaucoup. Bref, le traitement réservé ces dernières années, dans la production télé et ciné visuelle à ces "monstres" devenus presque ordinaires, répondant au besoin de tout normaliser a laissé de côté nombre d'amateurs de fantastique et d'imagerie gothique -dont votre serviteur-.

C'est dans ce contexte (mouvant), que s'inscrivent les aventures de Sasha, cadette d'une famille de vampires (oui, c'est officiel les vampires se reproduisent désormais). Comme donc bon nombre de ses congénères, Sasha est une vampirette à la recherche de son identité profonde, elle refuse l'idée de tuer des humains pour subsister et se contente de se nourrir de poches de sang dérobées par ses parents ou sa truculente tante, ses crocs n'ont d'ailleurs pas encore poussé. Mais fatalement, ses canines proéminentes se développent à l'adolescence (enfin à ses soixante huit ans) période ou elle décide de s'intéresser aux suicidaires, dans l'idée d'établir une "collaboration mutuelle".

Doucement, après avoir esquissé une once d'horreur, une ombre de fantastique, le métrage va basculer comme attendu vers la comédie dramatique douce amère, dépeignant (avec bonheur il est vrai) la mélancolie adolescente en général et plus particulièrement celle de Sasha et de Paul, suicidaire consentant, rencontré par hasard. Teen movie questionnant la solitude des êtres différents perdus au milieu de ceux au contraire adaptés à leur réalité sociale, cette métaphore du passage à l'âge adulte réserve quelques beaux moments de poésie toujours avec un ton distancié, probablement souligné par le jeu de Sara Montpetit(Sasha), très sobre. lorsque les effets sont devinés et donc sans surprise.

Le rythme est lent, les scènes étirées, ce qui en soit n'est pas un problème, lorsque le propos initie une réflexion profonde ou une dramaturgie. Ce n'est pas le cas ici, le choix constant d'un traitement ironique qui, accompagne les scènes évoquant les thèmes plus graves (la mort, la peur de grandir), laisse un petit goût d'inachevé, pour qui ,et c'est mon cas, n'est pas totalement emballé par l'aspect comique de l'œuvre, et reste un peu dubitatif devant des effets attendus (devinés) et donc sans surprise.

Yoshii
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le 17 mars 2024

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