It's funny how beautiful people look when they're walkin at the door

Plutôt habitué à remonter jusqu'aux années 50 (voire 30 avec « Mildred Pierce »), Todd Haynes ne va « que » jusqu'aux 70's ici pour nous parler musique, à travers le portrait d'une immense vedette fictive ressemblant quand même beaucoup, beaucoup (euphémisme) à David Bowie. L'occasion pour le cinéaste de se laisser aller à des expérimentations visuelles nettement plus délirantes que celles qu'il propose habituellement, mais pourquoi pas. Cela n'est sans quelques conséquences : cette quête autour de la disparition brutale et mystérieuse de la star a une certaine tendance à se perdre en route, au point qu'on en sait finalement pas beaucoup plus.

Il s'agit plus de rencontres avec des personnages l'ayant connu de près, nous plongeant dans de longs flashbacks illustrant le milieu musical de l'époque, les relations aussi passionnées que conflictuels qu'il pouvait y avoir... Malgré ce manque de corps, apparaître aussi réaliste et « documenté » n'est pas loin de tenir du prodige pour une fiction : on se sent complètement transporté dans cette période, chaque regard porté sur l'idole ouvrant la voie à de nouvelles interprétations. Mais surtout, que c'est beau... N'ayons pas peur des mots : Haynes est très certainement le plus brillant cinéaste actuel dans ce domaine, d'autant qu'ici, celui-ci tente des choses assez dingues, très loin du somptueux classicisme vers lequel il s'orientera ensuite.

Les couleurs trouvées, les lumières, les costumes : « Velvet Goldmine » vire parfois à l'hypnotisme total, voire au vertige, malgré un mysticisme parfois appuyé (notamment sur la fin) que l'on pourra regretter. Tout n'est pas parfait, c'est clair. On ne peut pas parler d'œuvre « aboutie ». N'empêche, qui montre autant d'audace depuis des années, tente autant de choses, qui plus est avec autant de talent ? Dommage, donc, que le contenu ne soit pas vraiment à la hauteur des ambitions, mais ne serait-ce que pour cette plongée quasi-sensorielle, plutôt réussie musicalement (oui, presque aucune chanson originale), je ne saurais que trop vous conseiller l'expérience. Étonnant.