On ne croit pas beaucoup aux personnages du film de Cayatte, à cette mère qui, pour provoquer l'acquittement de son fils, prend en otage la femme du président du tribunal, à ce magistrat sévère qui cède au chantage. Car la situation relève alors d'un schéma assez simpliste, quasiment un cas d'école à propos d'un juge sous influence par lequel, une fois de plus, Cayatte démontre la vulnérabilité d'une décision de justice.
L'intrigue, où l'on revient par flashback sur les faits, est accessoire, sans grand intérêt, tant le réalisateur met peu d'originalité dans le récit d'un fait divers criminel. On sera donc peu concerné par la découverte des circonstances qui ont fait du jeune Leoni un assassin. D'autant que l'intrigue n'est qu'un prétexte à illustrer le postulat de Cayatte contenu dans une courte partie du dénouement. La délibération jury, sous la tutelle malheureuse du président de la cour d'assises, résume à elle seule la position de l'ancien avocat Cayatte. Il dénonce l'article du code pénal par lequel le juré est autorisé à subvenir à l'absence de preuve par l'intime conviction. Dénonciation sans doute légitime et utile, mais introduite et défendue par une fiction passable.