Premier film de l'année pour moi et on part sur une excellente surprise.
Quel plaisir de voir un film de SF Européen qui, malgré son faible budget, arrive à crée un tel travail de world building, d'ambiance, de tension. Dès la première scène, ce monde post-apocalyptique, dans lequel une jeune fille masquée de la tête au pied se balade avec assurance mais surtout méfiance, paraît réel. Et c'est probablement parce qu'il l'est.
C'est la plus grande force du film. Avoir réussi à rendre crédible visuellement un monde futuriste, avec une bio-diversité tantôt brisé, poussiéreuse, recouverte d'eau croupis et de boue, tantôt somptueuse, avec de nouvelles espèces de plantes et d'animaux aux couleurs éclatantes, pleine de vie et d'espoir pour Vesper qui souhaite pouvoir rendre son monde meilleur. Le fait de ne pas avoir utiliser de fond verts, pas seulement par manque de moyens mais surtout par choix, nous donne le droit d'avoir de sublimes images qui permettent à ce monde mort, d’être vivant pour le spectateur. Ajouter à cela d'excellents effets spéciaux ainsi qu'un très bon travail d'éclairage et de lumière qui rajouter un coté presque féerique à ces forêts lituanienne, qui contraste avec les thèmes sombres et parfois sordides mentionnés par le film.
Parce que oui, ce qui aide aussi à la crédibilité de ce monde, ce sont les thèmes abordés. L'écologie et la bio-diversité en premier lieu évidement, thème centrale du long-métrage qui ne tombe jamais dans la leçon de morale bête et méchante. On part avec un constat clair, le monde est brisé depuis longtemps maintenant et ceux qui n'essayent pas de rejoindre le lieu qu'ils appellent « La Citadelle », essayent tout simplement de survivre. Pourtant, des personnes comme Vesper sont totalement conscientes que la recherche bio-organique permettrait de rendre le monde vivable pour tous, malgré le refus des gens de La Citadelle.
La population de La Citadelle d'ailleurs, que l'on ne voient jamais du film mais qui planent, parfois littéralement, au dessus de nos personnages. Le film fait le choix de laisser le spectateur s'imaginer le look de cette communauté et son habitation, qui semble avoir un impact politique et économique extrêmement important dans ce nouveau monde. Ils incarnent les puissants qui se terrent dans leur forteresse en laissant les autres être humain, qu'ils ne considèrent même plus comme tel, se débrouiller par eux-mêmes. Cette insensibilité est extrêmement bien incarné par les graines très particulières créés par leurs scientifiques. Les personnages en ont peur et sont en colère contre cette institution mais hésiteraient fortement si la possibilité de s'y installer leur étaient proposé, ne serait-ce que pour pouvoir vivre dans de meilleurs conditions.
Mais comme tout monde post-apo, les survivants ne sont pas tous bons. Les violences, les abus et autres excès sont de mise, quitte à devenir complètement hypocrite face leurs colère envers les habitants de La Citadelle notamment par l’utilisation d'esclaves artificielles qui, comme les graines, ont été créés de toute pièce par les scientifiques de ces derniers.
Vesper quand à elle, incarne l'espoir et la détermination de voir un jour un monde meilleur. Malgré tout ce qu'elle a subit dans sa vie, elle garde une volonté de fer et ne cesse de vouloir trouver de nouvelles combinaisons d'ADN de plantes ou d'insectes, ainsi que la fameuse clé qui pourrais faire que son monde relève la tête.
Des thèmes qui résonnent fortement avec les problématiques écologique et sociale de notre époque qui sont, je trouve, une très bonne source d'inspiration dont les artistes actuels devraient étudier plus souvent.
On va parler des gens qui ont travaillés sur le film maintenant.
Je ne connaissais ni Kristina Buozyte, ni Bruno Samper. Ce n'est apparemment pas la première fois que les deux collaborent. Autant dire que leur travail a retenu mon attention. Comme je l'ai dit plus haut, le budget accordé au film est léger, seulement 5 millions. C'est peu pour un film de SF, même Européen. Cela a forcement du être un handicap pour son développement mais Buozyte et Samper ont réussi à transformer cet handicap très intelligemment en décidant de n'utiliser aucun fond vert. Des images de synthèse ont seulement du être utiliser pour quelques plantes/créatures. Utiliser un véritable drone pour jouer le drone compagnon de Vesper est aussi une excellente idée. Les décors naturelles des forets lituanienne sont bien exploitées et arrivent à donner un coté presque alien à certain moment.
Les acteurs sont très bon aussi, à commencer évidemment par Raffiella Chapman, jeune actrice britannique qui incarne avec talent une Vesper intelligente, bornée, ainsi que son coté plus fragile pour rappeler que malgré sa débrouillardise, elle reste une enfant qui doit vivre quasiment sans parents dans un monde hostile. Chapman avait déjà joué dans Miss Peregrine de Burton et j’avoue ne plus trop m'en rappeler mais elle se débrouille vraiment très bien et je jetterai un œil a ses prochains films avec attention.
J'aime toujours autant Eddie Marsan, qui joue une sacré ordure, peut-être à la limite du surjeu sur 1 ou 2 scènes mais franchement rien de honteux.
A noté le rôle très particulier de Richard Brake, Darius le père de Vesper, qui est contraint de jouer uniquement avec son regard et qui s'en sort formidablement.
La musique de Dan Levy (J'ai perdu mon corps), est un immense plus pour l’atmosphère du film. Il jongle entre des mélodie orchestrales inquiétantes ou mystérieuses et des sonorités plus métalliques et synthétiques proche d'un Blade Runner.
Les deux thème de Vesper sont vraiment magnifiques et restent en tête ; "Vesper's Dream" qui commence par du humming accompagné d'une drôle de guitare/luth et qui enchaîne par une orchestration qui frôle l’épique mais qui préfère rester plus intimiste et "Vesper's Journey" qui part complètement dans le grandiose et qui conclut à merveille le film.
J'ai donc assez hâte de rattraper Vanishing Waves et de voir si ils vont retravailler ensemble à l'avenir. En espérant que le malheureux échec commerciale du film n’empêche ni eux deux de tenter de nouvelles choses, ni les producteurs de leur faire confiances pour de futurs projets. Peut-être même pour une suite, qui sait ?
Certes, « La vie trouve toujours un chemin », mais si il y a des personnes comme Vesper pour l'aider, c'est encore mieux.