Une improbable alliance entre Français, Belges et Lituaniens aboutit à la production de ce petit film aux ambitions assumées. Il s’agit là du quatrième long de la réalisatrice principale.
On est dans un futur qu’on espère pas trop proche. Les semences appartiennent à des grands groupes industriels qui contrôlent l’alimentation de ce qui reste de l’humanité. Les semences reproductibles sont illégales. Dans cette société de castes, les riches vivent dans des cités forteresses à l’écart de la plèbe tandis que les autres survivent dans des campagnes ravagées où règnent trafics et traite humaine. Dans ce contexte, la jeune Vesper est une biohackeuse qui vit avec son père paralysé. Par un beau matin gris, un petit vaisseau qui semble venir de la citadelle s’écrase non loin de chez eux.
Comme l’indique ce synopsis dense, on est là face à un décor et une histoire solides. Les enjeux sont parfaitement compréhensibles et ont beaucoup de sens. Les personnages sont originaux et bien écrits et l’interprétation est à leur service. L’intrigue est menée à un rythme contenu. On prend le temps de découvrir cet univers par touches sans recours à une narration lourde. Le mystère est présent tout du long, ménageant un suspens subtil et des surprises continuelles. Surtout, il y a une part de réalisme dans ce projet et c’est ce qui le rend plus effrayant encore. Le bémol portera davantage sur des questions de mise en œuvre des moyens. On pourra louer la clairvoyance des choix esthétiques et scénaristiques au regard du budget que l’on devine contenu. On constatera quand même par moment qu’une rallonge en euros aurait fait du bien à certaines scènes qui auraient gagné en ampleur. Ça manque parfois de personnages et les scènes d’action sont comme bridées. C’est dommage mais ce n’est rien qui pourrait gâcher notre plaisir.
En clair, une production osée, ambitieuse, maline et fertile qui parvient le plus souvent à faire fit des contraintes budgétaires pour proposer une histoire et un spectacle de qualité qui sort de l’ordinaire. Une belle surprise qui augure, on l’espère, du bon pour la suite de la carrière de Buozyté et Samper.