Répétant son style de mise en scène déjà développé pour The Big Short, Adam McKay choisit sciemment la satire pour dépeindre la vie de Dick Cheney, puisque, comme il l’annonce d’entrée, il manque beaucoup de faits avérés pour étayer le propos. Malgré les parenthèse fantaisiste ou les dialogues et les faits sont plus ou moins hypothétiques, le réalisateur arrive à exposer clairement le caractère de son personnage principal, ainsi que de ceux qui l’entourent. Enfin, exposer sa vision de ces personnages, car le film est profondément biaisé, et d’ailleurs l’assume complètement dans sa scène mi-générique.
Je trouve d’ailleurs que le personnage de sa femme, interprété braillement par Amy Adams, est bien plus intéressant et nuancé. Je ne trouve pas que Dick Cheney soit la meilleure performance de Christian Bale, qui incarne un personnage finalement assez mutique, bourru, qui ne laisse pas forcément passer grand chose à l’écran. A contrario, il ne faut pas oublier la performance jouissive de Sam Rockwell en Georges Bush, surement les scènes les plus méchamment drôles du film.
Vice vous fait comprendre sans subtilité que Dick Cheney, comme un certains nombre de ses confrères n’avait guère de convictions, en cela était peu charismatique, et que seule la recherche continuelle de pouvoir le motivait. Cette vacuité de fond est saupoudrée de scènes désopilantes, comme la scène d’Alfred Molina en serveur sans scrupules, ou Steve Carell répondant par le rire à la question de ses croyances politiques.
Mais Adam McKay ne prend pas de recul sur son sujet, accumule les artifices de mise en scène (Shakespeare, faux générique, incrustation de flots ‘images sans explications et de texte grossier), et — faute de documentation existante — ne va jamais jusqu’au bout des thèmes abordés, préférant les accumuler à la pelle. Cheney aurait touché à tout, aurait sali tout, mais finalement qu’est-ce que ce « tout » ? Je regrette que Vice fasse ce qu’il reproche aux Républicains : persuader en simplifiant à l’extrême, comme si nous étions tous idiots. Ainsi la guerre en Irak et le réchauffement climatique sont réduites à la parole d’un seul homme. Si on ne peut pas nier son influence, la réalité est plus complexe que ça. Adam McKay fait ici du prosélytisme de bas-étage, tout en dénonçant ses techniques à la scène d’après.