A l'heure où les biopics lisses et sans surprise sont légions, "Vice" surprend agréablement. Car non seulement il traite d'un personnage mal connu du grand public (Dick Cheney, vice-président de George W Bush), mais en plus, le film fait preuve de beaucoup d'audace. Le scénario revient sur les débuts en politique de Dick Cheney sous Nixon et son amitié avec Donald Rumsfeld, sa carrière, et surtout ses 8 années où il dominera d'une main de fer l'administration Bush.
On salue en premier lieu l'interprétation étonnante de Christian Bale, qui se transforme une fois de plus (les prothèses aidant !) pour incarner Cheney, présenté comme un manipulateur froid et droit dans ses bottes, qui rêve de diriger le pays sans concession. L'acteur dira d'ailleurs dans son discours d'acceptation du Golden Globe s'être inspiré de Satan pour sa prestation ! Ce protagoniste glaçant contribue fortement au cynisme d'un scénario qui dépeint la politique américaine d'une manière effrayante, et critique la toute puissance que peu prendre l'exécutif...
Pour autant, le film ne ménage pas son humour, entre des effets de montage percutants, des idées de mise en scène assez originales, George W Bush (joué par Sam Rockwell) montré comme une andouille dont Cheney tire les ficelles, et Donald Rumsfled (incarné par Steve Carell) présenté comme un vulgaire arrogant. Adam McKay ne se fait pas non plus avare en commentaires politiques, dénonçant la guerre en Irak, mais aussi le pouvoir de Trump (d'ailleurs directement évoqué à plusieurs reprises).
Bref, "Vice" est un film riche et rafraîchissant, qui souffre malheureusement d'une certaine confusion par moments. Il n'a malheureusement pas rencontré le succès commercial qu'il méritait, la faute sans doute à un film qui demeure assez technique pour les non-Américains, et qui égratigne tout autant les politiciens américains que les électeurs (et spectateurs !) qui les mettent au pouvoir.