Un Pixar qui ne soit ni une suite ni un préquel ? Rien que pour cela, « Vice Versa » attire l'attention. Et quand la créativité reprend le pouvoir chez les studios à la lampe, c'est un bonheur. D'ailleurs, alors que j'avais été gêné lors de ma première vision par un aspect très traditionnel dans le regard sur la famille et ses valeurs, cela m'a paru beaucoup moins évident et simpliste la seconde fois, tout comme la représentation du cerveau humain, si ce n'est ce personnage de Dégoût, nettement moins justifié que les trois autres émotions. D'autant qu'en définitive, ces décisions se défendent toutes, surtout lorsque l'on se rend compte à quel point l' œuvre vise juste à de très nombreuses reprises. Nos émotions, réactions, préoccupations : Pete Docter fait preuve d'une finesse psychologique incroyable pour que nous nous reconnaissions totalement dans le comportement parfois imprévisible de l'héroïne, le tout avec un mélange de drôlerie et de délicatesse assez fabuleux. Mais à cette intelligence du propos et de l'analyse s'ajoute un univers « intérieur » absolument incroyable : plein de couleurs extravagantes et d'une inventivité de tous les instants, cette représentation du cerveau, aussi folklorique soit-elle, a quelque chose de merveilleux et profondément émouvant, surtout lorsqu'on s'aperçoit à quel point elles sont donc au service d'une réflexion profonde et formidablement exploitée. Bref, mes quelques réserves ne valent pas lourd face à la fabuleuse créativité et intelligence dont fait Pixar preuve ici, Docter (« Monstres et Cie », « Là-haut ») étant assurément un de leurs plus grands magiciens. Un régal.