Après un break inhabituel de deux ans, Pixar est de retour, avec un film original qui plus est. Une année spéciale puisqu'elle verra pour la première fois de l'histoire du studio la sortie d'un second film, The Good Dinosaur, mais ça c'est pour plus tard. Inside Out marque le retour à la réalisation du génie, oui le mot est assez raisonnable vu le monsieur, Pete Docter, réalisateur de Monstres & Cie et de Là-Haut, deux de mes films préférés, non pas du studio mais tout court, qui visiblement aime travailler en équipe puisqu'il co-réalise le film avec Ronnie del Carmen, dont c'est la première réalisation. Après trois films que le public a de façon générale trouvé assez décevant, Inside Out met fin à cette mauvaise série en devant l'un des films les mieux reçus de l'année, mais aussi un des plus rentables, avec un score final d'environ 850 millions de dollars rapportés au box office international. Un succès qui me fait plaisir car pour ma part il s'agit jusqu'à présent du meilleur film de 2015, et surtout du deuxième meilleur Pixar, juste derrière Monstres & Cie.
Le succès du film s'explique de nombreuses façons. Déjà, il s'agit d'un retour aux sources pour Pixar, un film mature, qui dispose de la double lecture qui manquait cruellement aux films du studio depuis Toy Story 3, car bien qu'ayant adoré Monstres Academy, la double lecture n'était pas ultra poussée à mes yeux. Ici, elle est tellement poussée que les adultes semblent apprécier ce film beaucoup plus que les enfants. C'est quelque chose que j'ai pu observer lors de mes deux visionnages du film, les nombreux enfants dans la salle semblaient bien moins concernées et captivés par le film que pour toutes les autres merdes de cette terne année pour le cinéma d'animation, peut-être est-ce dû en partie au fait que mon cinéma diffusait le film en VO, ce qui est très appréciable et rare pour un film d'animation, mais plus que ça, les thèmes abordés, les émotions partagées, tout semble destiné à un public ayant un certain « vécu » si j'ose dire.
Le casting vocal du film est impeccable, Amy Poehler en Joie arrive à transmettre parfaitement toute l'énergie de son personnage, en dosant le tout pour flirter avec la limite de l'agacement, sans jamais l'être, un peu comme dans Parks and Recreation, où elle incarne un personnage aussi positif. Même chose pour Phyllis Smith dans le rôle de Tristesse. Le duo formé par Joie et Tristesse à travers tout le film est parmi le top du top des duos made in Pixar, très similaire au duo formé par Woody et Buzz dans le premier Toy Story. Lewis Black est quant à lui hilarant en Colère, son personnage vole la vedette aux autres dès qu'il est présent dans une scène, chose que je ne peux malheureusement pas dire pour Peur et Dégoût, qui sont un peu mis en retrait, gâchant un peu les talents de Bill Hader et Mindy Kaling. Je ne mentionnerai que brièvement Bing Bong, car 5 mois après mon premier visionnage du film, je ne suis toujours pas remis du choc.
Mais là où Inside Out marque un gros point, c'est qu'il crée un univers quasi infini, qui n'a de limite que l'imagination (pun intended), associé à une nouvelle composition géniale de Michael Giacchino (qui décidément est bien occupé cette année), une réalisation parfaite, avec des thèmes très profonds qui contrastent avec l'aspect candide du film et un humour de tous les instants. Jamais depuis Là-Haut un Pixar n'aura été un tel rollercoaster émotionnel (pas fait exprès là), la plus grosse réussite de ce film ayant pour personnages principaux des émotions est justement de nous faire passer à travers toutes celles-ci, montrant une maîtrise incroyable de la réalisation par Docter, homme de talent qu'on ne voit malheureusement pas assez, 8 ans entre Monstres & Cie et Là-Haut, 6 ans entre ce dernier et Inside Out, s'il se fait rare, au moins il sait se faire envier, j'attends de pied ferme son prochain chef d’œuvre de la même façon que j'attends des réalisateurs comme Nolan et Scorsese. Merci Pixar, merci pour tout, et à très vite !