Dead alert
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le 24 juin 2024
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Alors que Pixar semble de plus en plus sur le déclin, ils continuent de se replier sur leur succès passé pour tenter un nouveau souffle. Mais comme sur les précédents films, pour ne citer qu’En avant (sortis au cinéma, je n’ai pas vu ceux uniquement diffusés sur Disney+), on atteint ici une bonne qualité mais une retenue criante, une frilosité conceptuelle. Riley a donc grandi, et comme tout enfant elle a développé une conscience de soi claire et forte. Arrive alors la puberté et son hypersensibilité flanqué d’une autre étape de la construction adolescente : notre rapport aux autres et notre besoin d’appartenance.
Riley doit donc apprendre à gérer la fin de son enfance, le départ de ses amies vers une autre école et par conséquent la recherche de nouvelles amies, et enfin la comparaison sociale. En son for intérieur, cette nouvelle complexité se traduit par un tableau de bord ultra-sensible et surtout l’apparition de 5 nouvelles émotions, qui font vite comprendre aux 5 émotions initiales qu’elles sont « dépassées ». Sur la partie « extérieure » à Riley, je trouve que l’histoire et sa progression fait mouche. On retrouve l’intelligence émotionnelle et les recherches solides du studio. Le film sait toujours y faire sur les notes d’humour et sur la séquence émotion. L’entrée dans la puberté et ses défis sont bien mis en scène, avec un bon équilibre entre humour et drame. Le rapport aux autres, ce dilemme entre trahir et soutenir ce qu’on pensait être est brillamment réalisé. J’ai trouvé hilarant qu’Ennui soit française (la blague ne marchant qu’en VO), avec cette superbe interprétation d’Adèle Exarchopoulos, et Anxiété est également plutôt réussie. La faille du sarcasme est là aussi une excellente matérialisation de la dissonance entre ressenti intérieur et action extérieure.
En revanche, la partie « intérieure » de Riley est, sans étant mauvais, un peu plus faible. La faiblesse du film se résume à deux points : avec le doublement des émotions, il y a tout simplement trop de personnages, et ceux-ci n’ont plus assez d’espace pour exister à l’écran, les réduisant souvent à un personnage fonction, soit trahissant presque leur émotion intrinsèque (je cite ici Colère). Envie et Ennui font beaucoup de figuration, comme Dégout. Ensuite, le schéma narratif est trop similaire au premier film, avec une quête vers les tréfonds de la conscience, un retour puis une acceptation que toutes les émotions sont importantes dans la construction de soi. Pour moi, l’idée d’un tableau de bord ultra-sensible qui crée une déconnexion entre l’émotion et son expression était déjà forte, alors que crée de nouvelles émotions qui ne sont que des extensions des anciennes (Anxiété, c’est Peur sous LSD) n’apporte pas une nouveauté suffisante.
Vice-versa 2 se regarde avec plaisir mais donne un arrière-gout d’inexploité fade. Il ne fait que voguer sur ses acquis, en forçant l’aspect moralisateur au premier, avec une Joie très positiviste « à l’américaine », qui est un peu un le tyran aux commandes et continue de hiérarchiser malgré tous les émotions selon leur potentiel d’ascension sociale. Pixar, sans être encore au fond du gouffre, ne semble en tout cas plus capable d’atteindre les sommets.
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Créée
le 30 juin 2024
Critique lue 6 fois
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