Vice-versa 2
7
Vice-versa 2

Long-métrage d'animation de Kelsey Mann (2024)

Il est clair qu’on l’attendait cette nouvelle production Pixar. Et ce, pour plusieurs raisons. D’abord parce que le film original demeure l’une des productions les plus inventives, mémorables et réussies du studio à la lampe. Drôle, visuellement imparable et réussissant l’exploit de rendre concrètes des idées abstraites tout en décortiquant avec humour et malice le fonctionnement de nos émotions, « Vice-versa » premier du nom fut un must il y a dix ans. Ensuite, parce qu’après deux décennies où ils ont enchaîné un quasi sans-faute les mettant au firmament de la production animée par la qualité incontestable de leurs idées, de la pointe de leurs techniques d’animation et de l’écriture de leurs personnages, les dernières années furent minées par une panne d’inspiration et une concurrence de plus en plus féroce et maîtrisée. On pense entre autres aux nouveaux « Spider-Man » de Sony, à l’arrivée au grand public des animes japonais et des Miyazaki qui percent partout dans le monde ou encore à des studios comme Illumination qui nous ont offert « Comme chiens et chats ». Alors cette suite allait-elle être d’égale qualité voire meilleure que l’original comme a pu l’être « Toy Story 2 » ou « Les Indestructibles 2 » ou moins emballante ou de qualité similaire comme celle de « Le monde de Nemo » ou celle de « Monstres et Cie » intitulées respectivement « Le monde de Dory » et « Monstres Academy ». Alors, tout en étant vraiment géniale, on penche plutôt pour la seconde option même si cela confirme le renouveau de Pixar après l’excellent « Élémentaire » l’an passé qui nous avait tous conquis contrairement à la plupart de ceux sortis durant la période Covid, comme les tout juste sympathiques « Luca » et « En avant » ou encore le foireux « Alerte rouge ».


Souvent pour une suite réussie, il faut aller plus fort et plus loin en gardant les fondamentaux de l’original. Ici, il y a de déjà deux excellentes idées. La première étant de faire passer Riley, le personnage humain principal du premier film où siègent les émotions rencontrées dans « Vice-versa », à l’âge charnière de la puberté qui est un moment propice au chambardement intérieur. Ensuite et surtout, c’est de faire intervenir quatre nouvelles émotions (voire cinq avec l’impayable et à mourir de rire Nostalgie que les producteurs doivent probablement garder au frais pour un hypothétique troisième épisode) : Envie, Embarras, Ennui et surtout Anxiété qui va être au centre du film mais également un personnage parfaitement ancré dans nos sociétés contemporaines. En effet, le stress et l’angoisse menant à l’état d’anxiété sont clairement au centre de nos modes de vie actuels. Sur ce point c’est bien vu et le film regorge encore une fois d’idées pour mettre en images des concept abstraits tels que le courant de pensée, les souvenirs ou encore le passage d’une émotion à l’autre. L’humour est toujours présent même si on s’attendait à rigoler davantage tout comme l’émotion, elle aussi un petit peu moins impactante. Pareillement, le fait de planter le décor dans le contexte du hockey, même si c’est en arrière-plan, parlera plus aux sportifs et aux amateurs de cette discipline qu’à d’autres. Pour ce qui est du visuel, c’est toujours du caviar fait animation même si les standards actuels sont tellement élevés qu’il est difficile désormais d’être aussi émerveillé qu’avant. Alors oui on passe un excellent moment mais l’effet de surprise n’est plus là. On a droit tout de même à un vrai beau moment d’animation, inventif, intelligent et dans la lignée de l’inoubliable premier volet. Et chapeau à Anxiété qui se positionne comme la meilleure des valeurs ajoutées de cette suite.


Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.

JorikVesperhaven
7

Créée

le 15 juin 2024

Critique lue 199 fois

8 j'aime

Rémy Fiers

Écrit par

Critique lue 199 fois

8

D'autres avis sur Vice-versa 2

Vice-versa 2
Plume231
3

Bonjour l'angoisse !

Depuis la toute fin des années 2010, Disney traverse la période la plus lamentable de toute son existence. Certes, le studio a connu, dans toute son histoire, de nombreuses perturbations, de...

le 18 juin 2024

25 j'aime

10

Vice-versa 2
Sergent_Pepper
6

Dead alert

Il fut un temps où l’on attendait le nouveau Pixar avec excitation : le studio était devenu le maître de l’imaginaire, ayant su conjuguer les innovations visuelles de l’animation 3D avec une folle...

le 24 juin 2024

21 j'aime

6

Vice-versa 2
Lordlyonor
6

“Dans le palais des émotions il y a beaucoup de chambres.”

Citation d’Antoine AudouardLe dépôt de bilan du célèbre studio d’animation Gainax en mai 2024 nous a bien appris une chose : le nom du studio est bien moins important que les crédits du film. Pixar...

le 16 juin 2024

21 j'aime

9

Du même critique

Les Animaux fantastiques - Les Crimes de Grindelwald
JorikVesperhaven
5

Formellement irréprochable, une suite confuse qui nous perd à force de sous-intrigues inachevées.

Le premier épisode était une franchement bonne surprise qui étendait l’univers du sorcier à lunettes avec intelligence et de manière plutôt jubilatoire. Une espèce de grand huit plein de nouveautés,...

le 15 nov. 2018

93 j'aime

10

TÁR
JorikVesperhaven
4

Tartare d'auteur.

Si ce n’est une Cate Blanchett au-delà de toute critique et encore une fois impressionnante et monstrueuse de talent - en somme parfaite - c’est peu dire que ce film très attendu et prétendant à de...

le 27 oct. 2022

90 j'aime

11

First Man - Le Premier Homme sur la Lune
JorikVesperhaven
4

Chazelle se loupe avec cette évocation froide et ennuyeuse d'où ne surnage aucune émotion.

On se sent toujours un peu bête lorsqu’on fait partie des seuls à ne pas avoir aimé un film jugé à la quasi unanimité excellent voire proche du chef-d’œuvre, et cela par les critiques comme par une...

le 18 oct. 2018

81 j'aime

11