Dead alert
Il fut un temps où l’on attendait le nouveau Pixar avec excitation : le studio était devenu le maître de l’imaginaire, ayant su conjuguer les innovations visuelles de l’animation 3D avec une folle...
le 24 juin 2024
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Presque 10 ans après le merveilleux Vice-Versa, Pixar sort la suite d'un des films d'animation les plus intelligents du 21ème siècle.
(Oui, j'ai bien aimé Vice-Versa).
Riley fête ses 13 ans et entre dans le monde fantastique de la puberté. Ses amies d'enfance et elle vont participer à un stage de hockey qui leur permettra peut-être d'entrer dans une prestigieuse équipe. Un synopsis qui paraît sans grands enjeux, mais qui sera pourtant propice à de grands chamboulements dans le quartier cérébral des émotions de la jeune fille.
Joie, Tristesse, Dégoût, Peur et Colère vont subir l'arrivée d'Anxiété, qui va très vite se confronter aux autres. Joie veut que Riley soit une "bonne" personne, alors qu'Anxiété cherche à la rendre "meilleure", encore et toujours. De ce fait, elle envisage les pires scénarios grâce aux nouvelles fonctionnalités de la console de contrôle et fait tout pour les éviter, même si cela signifie de mal se comporter au moment présent.
La personnification des émotions et le lien direct entre ce qui se passe dans la psyché de Riley et les conséquences dans la vraie vie sont toujours aussi bien représentés. Les nouvelles émotions qui accompagnent Anxiété (Envie, Ennui et Embarras) sont très secondaires, voire dispensables, mais correspondent bien à ce que l'on ressent en pleine crise d'adolescence.
Malgré tout, j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans le film. Le concept de Vice-Versa est très prolifique (une version pour adultes avec Dépression serait incroyable) mais, même si la représentation de la confiance en soi est bien trouvée, j'ai l'impression que le film n'a pas grand-chose de plus à offrir.
Joie agit comme si elle n'avait rien appris du premier volet et va avoir un développement identique (avec quasiment la même scène copiée-collée à la fin). L'histoire est presque pareille : elle est perdue dans la tête de Riley et doit retourner au quartier cérébral pour remettre de l'ordre dans sa vie, à ceci près que cette fois les 4 autres émotions "primaires" l'accompagnent.
Même si au cours du voyage certaines idées sont sympathiques, on ne retrouve pas la fascination et l'émerveillement du premier (les îles de la personnalité, le hangar des pensées abstraites, le studio des rêves, etc.).
Pareil pour les moments d'émotions qui sont efficaces, mais pas aussi mémorables (Bing Bong à jamais dans nos cœurs).
J'ai aussi été surpris par le rythme de la première moitié du film. Tout est rapide, les personnages parlent vite, il n'y a pas de temps morts. On enchaîne les gags et situations comiques et certains sont vraiment drôles, mais j'ai l'impression que ça dessert le fond de l'histoire, peut-être pour rendre cela plus agréable pour les enfants ?
Finalement, après réflexion, je me dis que cette cadence frénétique est probablement volontaire, car cela correspond plutôt bien à Anxiété. Si c'est le cas, c'est bien vu, et ça permet d'apprécier d'autant plus le moment de calme dont Riley (et le spectateur du coup) a besoin à la fin.
Pour finir, je ne peux pas terminer cette critique sans parler d'un gros point noir qui, pour moi, m'a donné un sentiment légèrement amer lors du visionnage et qui ne m'a pas quitté depuis : le studio Pixar a annoncé récemment qu'il produirait moins d'histoires originales et autobiographiques pour se concentrer sur des suites et des spin-offs.
À comprendre : fini la vision d'auteur et les nouveaux concepts, on va puiser dans nos licences les plus rentables.
Malheureusement, ça se ressent que Vice-Versa 2, bien que réussi, n'a pas autant de magie que le premier. Ça se voit qu'il a été fait pour vendre et non pas parce qu'il y avait une idée derrière, et l'énorme succès du film va clairement pousser le studio à continuer dans ce sens.
À vous qui lisez cette critique en 2024 : sachez que les deux prochains films annoncés sont les suivants : Toy Story 5 et Elio. Ce dernier raconte l'histoire d'un garçon pas sûr de lui qui se retrouve à se faire passer pour le chef de la planète Terre dans un parlement intergalactique rempli d'extraterrestres. Le succès de ces deux longs-métrages va probablement être déterminant pour le futur de Pixar.
Si vous voulez éviter que le meilleur studio d'animation du monde ne devienne une usine à suites et qu'il continue à nous sortir des chefs-d'œuvre profonds et originaux, alors faites le bon choix : allez voir Elio.
Bref, j'ai peut-être semblé négatif avec Vice-Versa 2, mais clairement le film est bien. On ne s'ennuie pas, la mise en scène est maîtrisée et l'émotion, même si un poil en dessous de Vice-Versa, est suffisante pour être touchante.
Après tout, le savoir-faire de Pixar, même s'il est dilué, reste très satisfaisant à voir. Reste à espérer que cela ne devienne pas la norme sur laquelle l'entreprise va se reposer…
Créée
le 9 juil. 2024
Critique lue 26 fois
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