Je me trouve très intrigué que ce film soit aujourd'hui tombé dans l'oubli. Pour moi, le véritable chef d'oeuvre de Fukasaku, ce ne sont pas ses films de yakuzas des années 70, ni même le cultissime Battle Royale, mais bien Virus, sorti en 1980. Vous me direz, à juste titre, que je n'ai vu que 5 oeuvres de ce cinéaste et que ça ne me donne donc pas le droit de décider de quel film est son chef d'oeuvre. C'est vrai, mais probablement personne ne lira cette critique : vous n'existez pas et je ne vais donc pas vous écouter.
Virus est une oeuvre extrêmement ambitieuse : casting international, budget colossal (le plus haut jamais alloué à un film japonais à l'époque). C'est un film catastrophe qui figure parmi les meilleurs du genre, et qui traite ni plus ni moins que de la fin de l'humanité.
Il évoque diverses thématiques, parfois plus ou moins habilement. Comment repeupler la planète quand on a seulement 8 femmes pour 800 hommes ? Peut-on sacrifier des marins qui risqueraient d'infecter les derniers survivants ?
Le film illustre à la fois la paranoïa concernant les avancées scientifique, et la paranoïa concernant la gestion du conflit soviético-américain. Il le fait avec brio.
Comme dans toutes les oeuvres de Fukasaku, une imposante galerie de personnages est ici dressée : cela est cependant à mon sens bien plus lisible que dans Combat sans code d'honneur ou Le cimetière de la morale. Les personnages sont crédibles, et agissent la plupart du temps de manière sensée (et quand ils ne le font pas, c'est présenté comme de la folie et pas comme de la maladresse). C'est plutôt rare dans un film catastrophe.
Comme dans chaque film de Fukasaku, la musique est splendide.
Bref, vous l'aurez compris, j'aime bien ce film. Je suis triste qu'il aie été un tel échec au box-office, triste qu'il aie été relégué au rang d'oeuvre mineure de Fukasaku alors que ses films de yakuzas se sont retrouvés auréolés d'une réputation à mon avis surestimée, triste que personne aujourd'hui ne le connaisse.
C'est un bon film pour faire une pause dans l'exploration de la filmographie de ce cinéaste. J'y reviendrai plus tard, et de meilleur gré que si je m'étais arrêté au Cimetière de la morale.