L’invitation au voyage que nous propose les artistes Agnès Varda et JR est une bien belle proposition, on se laisse donc embarquer. A bord du camion photo de JR, les deux amis prennent les routes de France pour partir à la rencontre des visages des villages. Un des objectifs est de rendre l’art et les “petites gens” gigantesques par le biais des collages de JR, dans un ballet de machines et d’échafaudages. Un geste qui pourrait parfois apparaitre comme politique, par exemple lorsqu’ils rendent hommage aux anciens mineurs du Nord, lorsqu’ils affichent leur soutien aux éleveurs laissant leurs cornes aux chèvres, ou encore lorsqu’ils saluent le rôle du facteur dans les coins les plus perdus. D’autres séquences manquent en revanche cruellement de pertinence, comme la photographie de la serveuse à l’ombrelle qui elle-même semble avoir du mal à comprendre comment elle s’est retrouvée là.
Les images éphémères de JR cessent de l’être grâce aux outils filmique et photographique, le montage inclu certains de leurs instantanés pris devant leurs œuvres. La question de la mémoire y est abordée de manière récurrente, que ce soit celle des ancêtres, ou celle d’Agnès Varda elle-même, qui se raconte, poussée par les questions de JR: “Et toi, ça te fait peur la mort?”. Le dialogue des deux compères, en voix-off, cherche la plupart du temps à chercher des réponses à la question: comment laisser des traces ?
A la fin de ce voyage, on a cependant l’impression d’avoir assisté à l’équivalent d’un bœuf entre musiciens, où nous les voyons passionnés, passant un moment d’exception, mais qui laisse le spectateur en dehors de leur affection manifeste. Un peu comme quand tu vois le tour de France passer mais que t’es pas cycliste.
Au fait Jean-Luc, t’es une peau de chien.