Le plan fixe qui ouvre ce film posthume (réalisé en 1982 avec l’ordre de ne le sortir qu’après la mort du réalisateur) nous révèle un cinéaste humble, énumérant lui-même la liste des techniciens qui l’a aidé à concevoir cette lettre d’adieu. Sentiment qui persiste quand il se présente face caméra, présentant à l’audience le récit de sa famille, de générations en générations. Ceux qui ont réussi à bâtir un empire, et ceux qui ont fondé une famille. Oliveira exprime son désespoir, devant se séparer de cette maison d’architecte qu’il a fait construire suite à des dettes. Quarante ans de souvenirs dans ce musée que deux personnages en parallèle visitent, vide et empli de la présence fantomatique d’hommes et de femmes, nés ou décédés dans ces pièces. Certaines séquences sont magnifiques, par leur onirisme presque naturel, d’autres sont rébarbatives et lancinantes par leur phrasé littéral et quelque peu nombriliste. Si on ne s’immerge pas dans cette traversée du temps, on n’y verra seulement la lente agonie d’un homme qui nous exprime son ressenti sur la vie, mais de l’autre, on peut y voir un homme dévoué à son art, tiraillé par son désir d’en continuer la pratique ou de survivre.