Difficile de noter et critiquer ce film tant il peut paraître étrange et clivant. Soit on accepte de se laisser embarquer dans ce trip, soit on reste au bord de la route. Je pense que si The truman show et Black mirror avaient un enfant, ils l’appelleraient Vivarium.
Pour faire rapide, l'histoire est celle d'un jeune couple, Tom et Gemma, qui s'aime et qui pour officialiser cette relation décide de faire un premier achat immobilier. Pour cela, ils font donc appel à un agent immobilier qui leur présente un tout nouveau quartier résidentiel. Tout se complique quand l'agent en question disparaît pendant la visite, les laissant seuls. C'est alors qu'ils découvrent que leur nouveau quartier de résidence est complètement factice et qu'ils ne peuvent pas en sortir. Leur seule échappatoire va être de recueillir, puis élever un bébé.
La scène d'introduction du film avec le nid d'oiseaux résume parfaitement tout ce que le film veut véhiculer.
À la suite de leur emménagement forcé, une longue descente en enfer commence. Tout d'abord, ils doivent apprendre à élever un enfant. De plus, un enfant qui n'est pas le leur et qui sort de nulle part. D'autant plus, quand ce dernier est complètement flippant, de sa voix à son look. Comme quand il se met à imiter le jeune couple avec les voix de ce dernier, à crier sans raison apparente ou encore à fixer des motifs étranges à la TV. Comme le cauchemar n'est pas fini, ce bébé grandit d'une dizaine d'années en 80 jours et mute en jeune adulte en autant de temps. Voilà ce que je peux dire de l'histoire sans trop en dévoiler.
Pas plus tard qu'hier, j'ai lu une interview du réalisateur, Lorcan Finnegan, qui parlait de son film, disant qu'il était emprunt au langage des spots publicitaires, domaine dans lequel il a travaillé avant de se tourner vers le cinéma. On comprend mieux pourquoi après avoir vu le film. Tout est volontairement aseptisé pour rendre la chose encore plus grotesque. La scène où ils pénètrent en voiture dans ce qui va devenir un labyrinthe en est le parfait exemple, et fait penser à une publicité automobile qu'on peut voir de nos jours à la télévision. Dans ce film, il parvient parfaitement à décrire une représentation à la fois, pessimiste, surréaliste, et percutante de la société d'aujourd'hui. Une société bien établie où tout le monde doit être dans une case bien définie. On le voit d'ailleurs bien dans le film avec Gemma qui se retrouve seule à élever l'enfant pendant que Tom se bouffe la santé à faire un trou sans fond pour trouver une sortie. Il décrit avec cynisme mais réalisme ce qu'est l'Homme d'aujourd'hui et de demain. On naît, on aime quelqu'un, on cherche une maison ( de préférence avec un grand jardin pour le chien ), on se marie, on fait des enfants qu'on élève ensuite, on vieillit et c'est la génération suivante qui prend le relais et reproduit ce schéma. Un constat qui fait forcément réfléchir.
Les deux petits bémols que je pourrais faire au film, c'est le côté redondant de certaines situations, et sa fin. On la devine assez rapidement. Reste que dans son ensemble, ce film/conte est une belle petite réussite.