L’ère du changement et nouvel interprète. Roger Moore adopte l’attitude désinvolte. Fini la machoire serée, Bond n’a jamais eu autant l’air de ne rien prendre au sérieux. Moore s’amuse à placer une mimique par ci, une attitude décontracté par là, un geste cool encore là... et ça fonctionne. La production suit elle aussi le shéma de la décontraction mais de manière bien plus structuré et réussi que le film précédent, ça ne vire jamais au ridicule. Ambiance 70’s Américaine à plein régime, entre les rues poisseuses de New York et les Bayous de Louisiane, ne manque que William Friedkin derrière la caméra. La photo et la direction artistique jouent à fond et de belle manière cet esthétisme, la bande originale de George Martin s’aventure dans des mélodies Funk et Jazz du plus bel effet. Une intrigue et un antagoniste intéressants plus ancrés dans le réel et le quotidien, qui ne virent pas aux délires mégalomaniaques exacerbés façon Spectre (bien que Kananga soit «gonflé d’orgueil» comme le dit James Bond). Des scènes d’actions rondement menées et efficaces, la poursuite en bateau est un grand moment, quoi que trop parasitée dans son rythme par les pérégrinations du Shérif J.W. Pepper. Ca file, c’est plaisant à suivre, on ne s’ennuie jamais, Jane Seymour est magnifique et Roger Moore plus que convaincant dans sa partition et vraiment impliqué.
Le Générique :
Chanson - Paul McCartney & Wings. C’est Pop, plein d’énergie et tout en rupture(s). Un poil dommage de ne pas avoir adopté les ambiances Funk Blaxploitation ou Jazz Nouvelle Orléans.
Visuel - Un rite vaudou tout feu tout flamme. Possédant.
LA James Bond Girl :
La, pas si sage et pas si prude, virginale Solitaire aka Jane Seymour qui forme un très jolie duo avec Roger Moore, en plus d’arriver à déstabiliser James Bond une ou deux fois à son propre jeu. Ses costumes son aussi beau que sexy.
LA réplique :
_ «Is there time before we leave for lesson number three ?»
_ «Absolutely. There’s no sense in going off half-cocked.»
Une prude James Bond Girl qui vient de découvrir le plaisir de la chair, devient grivoise laissant un James Bond estomaqué. Mais celui ci reprend très vite le dessus. L’expression sur le visage de Roger Moore avant son «Absolutely» vaut de l’or.
LA scène :
James Bond laissé entre les mains (et la pince) des hommes de Kananga se voit offrir une visite guidée d’une ferme à crocodiles et alligators. Berné par les conseils alimentaires des bestiaux prodigués par Tee Hee, James se retrouve isolé sur un minuscule îlot au milieu du marais. Les reptiles voient là une occasion en or d’un petit déjeuné à l’anglaise. Bond lui préfère jouer à saute mouton.
Le montage alterné entre les reptiles s’approchant de plus en plus et le visage de Moore de plus en plus inquiet est vraiment efficace. Grand respect au doubleur jambes de Moore dans ce moment.