Viy fut un immense succès en URSS avec plus de 30 millions de spectateurs et il est vraisemblable que certaines séquences en firent trembler beaucoup. Il s’agit d’une adaptation très fidèle d’une nouvelle éponyme de Nicolas Gogol et l’on y retrouve à la fois les aspects fantastiques, comiques et satiriques propres à cet excellent écrivain. L’anticléricalisme de Gogol devait enchanter le régime soviétique : les séminaristes sont présentés comme de crasseux incultes, trouillards, paillards, voleurs et ivrognes et ce y compris le « héros du film ». Le fond de toute cette histoire reste le combat contre l’inexplicable force du mal féminine et ce film devrait être un régal pour un psychanalyste. La femme est une sorcière, attirante et ensorceleuse, et la superbe séquence du chevauchement du héros du film par la sorcière est une métaphore sexuelle assez évidente qui renvoie aussi à l’angoisse de la castration, l’homme étant réduit à une bête de somme impuissante. Si le film nous semble aujourd’hui assez gentillet, son côté délicieusement démodé, ses très belles couleurs, ses trucages à l’ancienne, et quelques très belles séquences emportent le morceau et, cerise sur le gâteau, le mal triomphe à la fin !