- John Woo, pour son troisième film sur le sol américain, explose, que dis-je ? Pulvérise le cinéma d'action lambda en réalisant Volte/Face, véritable décharge électrique.
Une décharge électrique, certes, mais pas une décharge électrique stupide. Le cinéma d'action est un fossé idéal pour en foutre plein la gueule sans réellement se soucier de proposer une histoire passionnante (prenons la majorité des Stallone pour égayer mon propos). Mais, dans Volte/Face, John Woo adapte un scénario ingénieux et efficace. Ce qui donne, logiquement, encore plus de punch et d'intérêt au résultat final.
Même si l'idée originale reste simple, elle permet de développer au maximum la psychologie des personnages : leur ressenti, leurs envies (communes ou non), leur volonté, leur mentalité et j'en passe des plus belles.
John Woo, comme d'habitude, en fout plein les mirettes mais se base sur un véritable matériau, pas une histoire de vengeance classique, et c'est sans doute le plus grand charme du long-métrage.
Il faut dire que Nicolas Cage et John Travolta crèvent tous les deux, à leur manière, l'écran. Si Nicolas Cage reste toujours aussi cinglé (regardez donc son entrée sur l'aéroport, putain de badass), il propose aussi une facette plus mélancolique, plus triste, qu'il avait déjà exploité dans ses précédents films (Sailor & Lula, Arizona Junior). Il est formidable de voir que cet acteur peut autant varier sa palette de talent sur un film entier. Sa prestation est tout simplement remarquable, en particulier dans la seconde partie du film où le bougre brille de milles feux. Quant à John Travolta, son rôle est, étrangement, assez similaire à celui de Cage, mais dans un autre registre (comme quoi, la réalité et la fiction se mélangent à merveille, les deux agissent comme une sorte de binôme), bien que restant moins extravaguant. Pourtant, le bonhomme explose quand il interprète le personnage de Cage. Oui, c'est assez difficile à expliquer ! Bref, ce duo fonctionne à merveille et propose quelques scènes absolument fabuleuses (le double-miroir, gros moment).
Les deux sont mis en scène par un John Woo en pleine apothéose. Bien entendu, on retrouve toujours la patte du chinois, mais ici, c'est décuplé jusqu'à en crever. Les scènes d'action sont toutes, absolument toutes, impressionnantes, en particulier celle de l'avion. Et dire qu'il n'y a aucune CGI ! Mais là où il excelle, c'est dans ces fameux gunfights. On en bouffe à tire larigot sans tomber dans l'ennui (mais pas dans le démesure). Étrangement, j'ai préféré ces gunfights à ceux présent dans " À toute épreuve", considéré comme le must-see en la matière.
Et mince, les ralentis passent vraiment biens (à la différence de ceux dans Mission Impossible II). Il suffit de voir la scène absolument jouissive, remplie de tension de l'église. Ces pas millimétrés, ces regards, cette musique... Sûrement la meilleure séquence du long-métrage.
Volte/Face incorpore à merveille une émotion jamais excessive, permettant, encore une fois, d'exploiter à fond les deux personnages. Comportement face à la mort, relations difficiles entre époux, abandon... Tout y passe et tout est traité avec sobriété et efficacité. Un bon point, qui renforce encore une fois le côté "à part" du film (nous sommes dans un film d'action sévèrement burné, tout de même).
Des acteurs excellents, des scènes époustouflante de maîtrise, des doses savamment mises d'émotion. Pour sûr, Volte/Face est un des meilleurs films d'action des 90's.