Ozu n'est pas cinéaste, il est peintre.
Il peint ses plans, il encadre constamment ses personnages, à l'aide du mobilier, il les situe, Tokyo et ses usines, sa vie urbaine, Atami et la mer, Oshimame et son village. Les trains qui passent symbolisent le temps. Comme dans tous ses films on retrouve également le tableau des hommes accoudés à un comptoir, de la salle où ils vident du saké...
La composition de ses plans me font penser étrangement à la peinture de l'américain Edward Hopper,où la vie moderne berce ses sujets dans une solitude aveuglante.
Ozu n'est pas cinéaste, il est poète.
Il chante l'isolement, la vieillesse, la décomposition de la famille, l'individualisme moderne, le sens du sacrifice, l'amitié, la cruauté, l'abandon, la tristesse, les illusions déçues, les espoirs trop hauts portés, l'indulgence, l'hypocrisie..... La vie en somme.
Ozu n'est pas cinéaste, il est magicien.
Quand il fait un film, il s'empare du temps qu'il étire et raccourcit en même temps, il allège et alourdit à la fois l'atmosphère, il fait mal, il fait du bien, il nous tend un miroir vers nos propres vies.