Aux portes du désert, le magistrat d’une petite ville frontière, reçoit un colonel, envoyé par le pouvoir central pour enquêter sur une possible invasion barbare. A part Les voyages du vent, son magnifique deuxième long-métrage (aussi peu connu, hélas, que son premier, L'ombre de Bogota), tous les films de Ciro Guerra ont eu droit à une sortie dans les salles françaises. Ce ne sera pas le cas de En attendant les barbares, adapté du roman de Coetzee, qui est sa première incursion en langue anglaise et hors de la Colombie. Par son thème, le film rappelle de loin Le désert des tartares de Buzzati. Ici aussi, l'ennemi est invisible et peut-être imaginaire pour un empire colonial, peu ou prou inspiré par l'histoire Britannique. Contemplatif, En attendant les barbares est hautement symbolique de l'oppression d'une civilisation paranoïaque sur les peuples autochtones, considérés comme méprisables et sauvages. Une thématique commune à Coetzee et à Guerra qui donne un film peut-être trop manichéen mais fascinant par son élégance et sa lenteur narratives ainsi que par sa splendeur visuelle. L'interprétation, de premier ordre (Depp, Pattinson, Bayarskaikhan, Scacchi), est dominée par l'extraordinaire Mark Rylance.