Un film intéressant par ce qu'il soulève comme constats politiques et économiques mais finalement assez convenu et esthétiquement limité. Rien de révolutionnaire dans Wall Street donc, surtout aujourd'hui où ces affaires de délits d'initiés et de spéculation sont plutôt célèbres – bien que techniquement floues. La force du film de Stone est peut-être aussi sa faiblesse : arriver à parler de ce monde-là sans trop en expliquer les ficelles, comme si tout le monde savait ce que signifient « LBO » et la différence entre un courtier et un vendeur d'actions.
Le scénario amorce quelques trucs : l'ascension sociale, la folie dépensière, la dépravation, tout ce que Le Loup de Wall Street abordera 25 ans plus tard, avec, en plus (et en mieux fait), le génie de Scorsese pour le « rise & fall ». Mais Stone loupe le coche. Au final, on ressent trop peu l'écartèlement du protagoniste entre deux figures paternelles opposées, d'un point de vue social mais aussi et surtout idéologique. Il y aurait dans cette dualité du personnage - perdu entre une fonction capitaliste et une éducation socialiste - quelque chose d'assez singulier et de potentiellement tragique mais ça n'est qu'effleuré.
Le film montre tout de même à plusieurs reprises le caractère écrasant de New York, la ville en tant qu'allégorie de la puissance financière, à la fois concrète et impénétrable pour la majorité des gens. La fin du métrage, en faisant écho à son introduction, rappelle que le petit Bud Fox n'est effectivement qu'un des nombreux pions du système, rien qu'une fourmi dans la fourmilière de Wall Street et du monde capitaliste.