Les clairs-obscurs aux arêtes tranchantes donnent le ton d'un polar existentiel, récit de douleurs anciennes et de peur de vivre porté par un Jérémie Rénier massif et écorché.
À l'image des autres pays européens, la Belgique se débat avec ses anciennes colonies, traînant des souffrances passées aux blessures à jamais ouverte. Waste land en expose les plaies pour à peine les panser, sauver ce qui peut l'être, permettre aux cris d'être poussés.
Léo est flic. On le sent habité par des démons qui vont bientôt lui faire perdre pied. Entre sa femme, le fils de celle-ci et la sœur du jeune Congolais sur la mort duquel il enquête, il tente de maintenir un équilibre précaire.
La mise en scène sophistiqué et physique, comme ankylosée, de Pieter Van Hees, accompagne le parcours cahotique de personnages qui vivent à la lisière de deux mondes. On finit, comme Léo, par se perdre, ne plus savoir, confondre.
Film immersif à l'ambiance anxiogène, Waste land assume ses partis pris et tient sa ligne. C'est un cinéma radical mais homogène et cohérent.