Inspiré par Chungking Express de Wong Kar-wai (1994), le cinéaste texan a décidé de séparer son film en deux parties distinctes, liées par un passage commun.
C'est justement ce choix de construction qui m'a extrêmement plu et qui, selon moi, fait de ce troisième long-métrage, une oeuvre dont je vais me souvenir encore pendant un moment.
Effectivement, si j'étais assez perplexe durant la première partie que j'ai trouvé un peu trop tape-à-l'oeil à mon goût, la deuxième, est venue lui apporter toute l'ampleur qui lui manquait. C'est donc l'addition de ces deux bouts qui crée un ensemble à l'équilibre parfait selon moi.
Le vrai plus c'est surtout la faculté d'avoir écrit des personnages qui sont tous aussi intéressants à suivre les uns des autres et qui, forcément, parlerons, chacun à leur manière, à un large public.
Ce qui est notamment remarquable c'est que Trey Edward Shults ne s'excuse pas. J'entends par là qu'il ne se plie pas à certaines règles et réalise avec Waves une oeuvre imprégnée de passion non contenue. Dans cette optique, le film déborde de couleurs et de musiques, de mouvements de caméra déconcertants.
Si cela dérangera sûrement certaines personnes, j'ai trouvé cela revigorant et rafraichissant. Par ce "trop", le réalisateur signe un drame profondément humain, débordant de vitalité et d'enthousiasme créatif.
Bien évidemment, face à un tel spectacle je n'ai pas réussi à retenir mes larmes longtemps. J'ai été profondément bouleversée par Waves et, encore aujourd'hui, certaines séquences restent gravées en moi (j'hésite d'ailleurs à retourner le voir tant qu'il est encore en salles).
Je ne peux donc que vous recommander de le découvrir à votre tour!
Anecdotes :
Alors qu'il travaillait sur son film, Trey Edward Shults écoutait en boucle les albums de Frank Ocean, artiste qui a influencé le film indirectement, notamment pour le look de Tyler qui se teint les cheveux en blond platine (tout comme le chanteur).
À la réception du script, les comédiens ont eu la surprise de trouver des liens hypertextes vers des morceaux musicaux qui informent sur l'ambiance de chaque scène.
- La bande originale a été composée par Trent Reznor et Atticus Ross dont le réalisateur est un grand fan. Il leur a envoyé certaines scènes du film et quatre heures de rushes non montés pour qu'ils puissent travailler. Le duo a synthétisé des sons typiques de la vie quotidienne des deux adolescents pour mettre au point une bande-son qui ne prendrait pas le dessus. Ils ont également enregistré et filtré les voix des personnages, "ce qui donne l’impression qu’ils se parlent sans arrêt, mais ne réussissent pas à comprendre ce que racontent ces voix inaudibles. Nous en avons tiré des morceaux de plus de 10 minutes, faits de voix transformées et de prises de son directes arrangées que nous avons accélérés, ralenties déformées pour en faire autre chose".