Habitués les uns des autres depuis leur premier film V/H/S sorti en 2012, le collectif Radio Silence s’attelle à la réalisation d’un film de genre à la fois familier et inédit dans leur filmographie : la comédie horrifique. Wedding Nightmare surprend par son humour franchouillard et ses scènes d’horreur décalées.
Au lieu de se concentrer sur un mariage d’horreur comme peut le proposer Rec-Génesis, les réalisateurs Tyler Gillett et Matt Bettinelli-Olpin s’amusent à mettre en scène la chasse familiale de la nouvellement mariée, Grace.
Car oui, chez les Le Domas c’est une véritable tradition de tuer le/la mariée lorsque celle- ci ou celui-ci tire la carte « cache-cache », au risque que la famille ne voit jamais le jour se lever s’ils échouent...
Le mariage, thème très peu abordé dans le genre horrifique, offre une belle toile vierge à Samara Weaving pour interpréter la naturelle et spontanée Grace. Passant de mariée vulnérable à femme en colère, elle incarne toute la nature de Wedding Nightmare, plongeant le spectateur dans un état entre rire et tension. Inspirée de la courageuse Rosemary dans le culte Rosemary’s baby, Grace s’inscrit dans ces rares personnages féminins qui survivent non pas grâce à la peur qu’elles ressentent mais bien par la colère qu’elles exultent. C’est là toute la force de l’actrice ; réussir à transmettre cette rage vengeresse, cette agressivité palpable, au travers de cris irritants, tout en cassant l’oppression des scènes d’horreur par la dérision. Grace fait jubiler le spectateur à mesure qu’elle déchire sa robe pour mieux rendre les coups. Ses scènes d’actions sont accordées au rythme des violons et vulgarisent le gore en exagérant la violence.
Mais l’aspect absurde de Wedding Nightmare se tient aussi dans les membres de la noble famille Le Domas, dont le patriarche met un point d’honneur à conserver toutes les anciennes traditions. Des traditions qui perdent toute dignité face à la présence ironique des nouvelles technologies, montrant notamment l’oncle Fitch qui se prépare à la chasse en regardant la vidéo « Apprend à connaître ton arbalète ».
Quelque peu caricaturés, les Le Domas incarnent finalement toutes les dérives possibles : de la fille sous cocaïne à la vieille tante aigrie en passant par le frère alcoolique, ils permettent l’apparition de scènes sanglantes improbables. Les dialogues entre tous ces personnages sont emprunts de second degré et de haine mutuelle, pouvant devenir lourd par l’insistance des acteurs et leur persévérance à sur-jouer.
Outre l’humour, c’est par sa manière légère d’aborder le sujet que Wedding Nightmare surprend. Sacrifier la mariée semble tout à fait normal, voir même habituel. Impassibles, imperturbables voir même enthousiastes, les membres de la famille apportent un second frisson par leur détachement.
Le duo Gillet/Bettinelli-Olpin adopte un bon équilibre entre humour et horreur, tantôt déstabilisé par le besoin d’ajouter du drame pour gagner en profondeur. Même s’ils manquent parfois de subtilité, le mélange des genres est drôlement bien maîtrisé.
Alors que le film s’apparente à un énième film d’horreur avec assez de jump scares pour contenter le spectateur, Wedding Nightmare surprend finalement en plaisantant de ces
personnages indélicats.
Tyler Gillett et Matt Bettinelli-Olpin mettent au point une histoire imprégnée d’humour noir et de malice pour un final explosif, à en éclabousser la caméra !