Deux jours que je planche sur cet avis … Après avoir revu LE film référence de West Side Story, de réputation mondiale, la version réalisée par Wise en 1961, aux 10 oscars…
Je n'ai vu ce film que trois fois dans ma vie : au cinéma, dans les années 1975 (à vingt ans, donc). Je me souviens encore d'en être sorti séduit et emballé.
Puis il y a quelques années, à l'achat du DVD et hier. Et, là, je n'en suis pas sorti aussi convaincu. Pire, hier, malgré toute ma bonne volonté, j'ai eu du mal à "entrer" dans le film. Difficile d'en sortir dans ces conditions !
Reprenons. D'abord, évoquons ce qui reste "bien" (à mes yeux).
L'idée de transposition de l'histoire de "Roméo et Juliette" dans un quartier populaire de New York où s'affrontent deux gangs de jeunes est intéressante. Le premier gang est constitué de jeunes issus de l'immigration irlandaise, le deuxième de portoricains. Chaque gang n'a pas en définitive plus de légitimité que l'autre, sur le sol nord-américain.
Le rejet réciproque des deux communautés a surtout une valeur de symbole. L'important, en effet, est de stigmatiser le pouvoir de l'intolérance et de la bêtise. L'important est, aussi, de souligner que l'amour ne s'embarrasse pas des origines différentes d'un homme et d'une femme pour exister.
La mise en scène, les décors et la chorégraphie au millimètre (comme on peut s'y attendre au pays des comédies musicales) sont remarquables.
Il y a quelques belles scènes bien réalisées et, ma foi, assez crédibles, comme, par exemple, le coup de foudre entre Tony et Maria dans la salle de bal.
Les voix, très belles, de substitution pour les parties chantées des deux acteurs Nathalie Wood et Richard Beymer …
Ensuite, il y a ce qui m'a troublé et empêché d'adhérer pleinement au film.
D'abord, connaissant et l'histoire et son issue, j'ai eu un peu de mal à passer la première demi-heure qui est esthétique et même esthétisante, les claquements de doigts, les pas de danse, les sourires niais et aseptisés des acteurs, bien habillés en jean, tee-shirt et baskets, etc pour décrire ces gangs de petites frappes. Et quand ils se mettent à parler, les petites frappes deviennent franchement des p'tits cons. Je n'y ai pas cru. Ce n'est pas possible, ils jouent tous aux petites frappes, veulent ressembler mais n'en sont pas …
Ah et puis les flics. Ils traversent le film complètement ridicules et inexistants. Comment croire à ça ? D'ailleurs, c'est un monde sans adultes. Ou quasiment à part le bistrot et le flic, tout juste bons à lever les bras au ciel. Un monde où il n'y a que des gosses libres comme l'air et qui font leur loi. Je n'ai pas dû m'en apercevoir quand je l'ai vu à vingt ans ! …
Quant aux dialogues, ils sont quand même très pauvres
Ensuite la musique de Bernstein. Hormis quelques passages notamment celui du duo Maria/Tony (Tonight et One hand, one Heart), le quintet "tonight" plutôt bien vu et bien construit ou à la fin (heureusement), je n'aime décidément pas. Je ne porte pas un jugement de valeur mais un ressenti. Surtout dans un mélange des genres entre comédie et tragédie. C'est brillant, certes mais que c'est bruyant !
Pour finir, je m'interroge. Pour une idée de départ excellente, la comédie musicale était-elle le support le mieux adapté ?
25/02/2023