Dans les années 90, David Wain et Michael Showalter sont deux membres de la petite troupe comique The State. Après sa dissolution, c’est de sa propre expérience dans une colonie de vacances dont Wain s’inspire pour écrire Wet Hot American Summer, un projet compliqué pour lequel il peinera tout d’abord à trouver des financements, puis à intéresser un distributeur potentiel malgré sa présentation au Festival de Sundance. En dépit de sa sortie discrète en salles et le bashing critique qu’il reçut à l’époque, la popularité de Wet Hot American Summer va pourtant lentement grandir en parallèle de celle de son casting original (Bradley Cooper, Paul Rudd ou encore Amy Poehler) au point de finalement devenir une véritable comédie culte outre-Atlantique.
Il n’est pas très difficile de repérer les influences du film : les frères Zucker, Jim Abrahams, Ivan Reitman, et bien d’autres réalisateurs de parodies graveleuses bien lourdes des années 80. Un certain type d’humour peu raffiné mais qui possède son public, les blagues se situant bien souvent en-dessous du niveau de la ceinture. Forcément, en se lançant dans Wet Hot American Summer, on s’attend à un certain plaisir coupable vulgaire, mais fondamentalement jouissif, réutilisant avec une certaine intelligence les codes des summer camp movies à la Meatballs. Ce n’est pas du tout le cas. Pour la simple et unique raison que Wet Hot American Summer n’est absolument pas drôle, les tentatives de faire rire ne fonctionne pas, car le second degré n’excuse pas tout. En parodiant des films qui n’étaient initialement pas sérieux dans leur démarche, l’ambition du film de David Wain apparaît dès le départ comme inutile, laissant plus ou moins la même impression que celle de voir Scary Movie s’essayer à la caricature de Scream.
Les gags et les dialogues semblent avoir été écrits par un gamin de dix ans, la mise en scène est terriblement fade et sans saveur, la direction d’acteurs affligeante malgré la présence d’un casting talentueux. C’est un naufrage complet de la première à la dernière scène, les rares répliques amusantes étant noyées dans un flot de médiocrité qui alterne facilités évidentes dans le comique et idées d’écriture plus que douteuses.
Difficile de trouver un quelconque intérêt au visionnage de Wet Hot American Summer, hormis la présence remarquée de multiples visages qui composeront, dix ans plus tard, une partie non négligeable du paysage comique américain. Un film brouillon, et son développement chaotique n’est pas vraiment une surprise : c’est très mauvais, et que personne ne veuille donner un budget ou un écran à ce navet est une décision logique. Que Netflix ait eu l’idée saugrenue de jouer au nécrophile avec cet excrément, près de quinze ans après, en lui offrant un prequel (et non une suite) en huit épisodes est une décision qui ne semble se justifier que par la volonté des prestigieux interprètes de revivre le point de départ de leur carrière. Sans doute le tournage était-il plus amusant que le film.