Auteur par nécessité de films d'horreurs à petit budget, Demián Rugna est probablement un homme très attaché également à la tradition étymologique. De son point de vue, un film viscéral n'est pas un vague concept détourné de critique cinéma en mal de formules faciles, non la viscéralité au cinéma est l'exploration voire l'explosion des viscères humaines animales ou même mutantes.
Un peu gore à l'occasion "When Evil Lurks", par ailleurs interdit au moins de 16 ans, est certes un film choc, choquant peut-être même pour certains, mais c'est avant tout un film intelligent, original (tout du moins dans sa première partie), qui ose s'aventurer sur des chemins peu empruntés, notamment dans son traitement.
Evidemment, le synopsis, le titre, et cette terrible affiche ne mentent pas, il est question ici de possession démoniaque, et quand deux frangins découvrent non loin de chez eux dans la campagne argentine, un corps coupé en deux, puis plus loin celui purulent et difforme mais vivant, d'un fermier rongé par le démon qui a pris possession de son corps, nous sommes en apparence en terrain connu et déjà mille fois exploré par le cinéma d'horreur.
Pourtant l'approche est souvent inattendue, les possessions sont ancrées dans des légendes qui semblent plus ou moins connues de tous, on évoque à mi-voix les nettoyeurs seuls habilités à "exterminer" les possédés pour casser la chaine de transmission de ce qui s'apparente un peu à un virus.
La frontière avec la dystopie est mince, celle avec le mysticisme plus encore lorsque sont énoncées par la mère des deux frères les règles à respecter lors de la confrontation aux possédés, pour éviter que le démon chassé d'un corps ne s'invite ailleurs.
La famille joue également un rôle très important dans la construction du récit principalement en tant que source d'angoisse, Pédro, un des deux frères est père de deux enfants dont un autiste.
A cet égard Rugna n'élude aucune question dérangeante interrogeant le rapport entre le handicap mental et le démoniaque et même celui à l'enfance qui, dira une voyante aime et protège les démons, entrainant le récit et ses personnages dans une spirale infernale de découvertes horrifiques jusqu'au double dénouement final retors, mais tout à fait dans la logique du film... Même s'il est vrai que ce "démon qui rôde" dans sa seconde partie perd un peu de son "tranchant" et de son originalité, s'orientant un temps vers un récit de résolution d'intrigue à tendance aventureuse un peu plus convenu, la proposition de Demián Rugna
est une bien agréable surprise.