Godzilla, Le jour d'après, 2012 ou Independance Day : Roland Emmerich n'en est plus à son coup d'essai en matière de bourrinisme. Cette fois, il compte bien détruire la Maison Blanche, ni plus ni moins. C'est marqué dans le titre en fait.
On pourra dire ce que l'on veut sur son cinéma et la qualité de ses films, le fait est qu'Emmerich va au bout de ses idées, les faisant passer par une idéologie tellement naïve qu'elle en devient touchante. Dans White House Down, le symbolisme estampillé "United States of America" est omniprésent. Un drapeau étoilé dans chaque scène (s'il pouvait tomber, ça ferait vraiment qu'on est dans la merde parce que c'est comme si c'est l'Amérique qui tombait, compris ?), quelques scènes surréalistes et gentiment fanboy-istes (Jamie Foxx sort son bazooka) et le fond du film est bien lancé. Cela en devient tellement sérieux que ça pourrait être sans problème une parodie ; mais c'est tellement parodique que ça pourrait très vite devenir sérieux.
On retrouve tous les personnages propres à ce genre de film : Foxx est un président trop sympa, Tatum est un pauvre père voulant reconquérir le coeur de sa petite fille insupportable, Gyllenhaal est la chef du service de sécurité consciencieuse, etc. Aucune surprise de ce côté là. On voit même arriver à des kilomètres les intrigues que cela pose pour le scénario ; qui choisir entre le président des USA et sa fille ? Qui choisir entre des millions de morts et la vie d'une petite fille ? Bref, c'est pas très complexe dans le fond...
Sur la forme, et c'est là que c'est surprenant, Emmerich n'est au top comme il en avait l'habitude. On peut reprocher un milliard de choses à 2012 mais pas son étalage d'effets spéciaux en tout genre et bien réussis pour la plupart. Or, dans White House Down, les explosions sont dégueulasses, les gun fights sont immondes (les mecs neutralisent le service de sécurité de la Maison Blanche comme s'ils chassaient la caille un week-end entre amis, un jour pluvieux d'automne, etc.), sans parler des quelques secondes où l'on suit les chasseurs et hélicoptères de l'armée déboulant à toute vitesse sur Washington : c'est laid, et ça l'est pas à moitié.
Emmerich parvient à faire quelques fois monter l’adrénaline et cela sauva clairement son film, qui malgré toute la bonne volonté que je peux y mettre, est parfois risible.
Pour ne pas finir là dessus, je dirai, comme je l'ai plus haut, qu'Emmerich est au moins honnête sur sa réalisation et en profite pour faire passer des messages. Le film est ouvertement démocrate dans ses thème suintant la bonne volonté dans les processus de paix mondiaux. Encore une fois c'en est presque caricatural donc sérieux avec Roland... Sur les républicains, difficile à dire vu que leur seul représentant est pas super sympa comme mec. En plus il est vieux, chauve et livré corps et âme aux lobbys de l'armement.
Les médias sont présentés de manière ambivalente, entre la chaîne Youtube de la gamine qui permet à tous d’être informés de ce qui se passe, et les journalistes qui font le siège quotidien de la Maison-Blanche (ignoble et pathétique réplique de Foxx là dessus sur la liberté de presse).
En relisant l'interview du réalisateur dans le SoFilm de septembre, on voit que ces thèmes là sont au centre du mode de pensée d'Emmerich : moins d'armée pour plus d'éducation (l'épée contre la plume, ressassé pendant les trois quarts du film), tendance au story telling symbolique américain, critique de l'omniprésence médiatique qui dénature la fonction politique, entre autres. Au final, Emmerich a essayé de faire passer tout cela dans son film, mais de manière trop bancale, stéréotypée et presque populiste pour que cela fonctionne vraiment. Mais qui s'en serait douté d'ailleurs ?