Ambitieuse de s'affranchir d'une vie commune qui ne l'inspire guère, Cheryl (Reese Witherspoon) part malgré elle en voyage vers le sommet du Pacific Crest Trail. De rencontre en rencontre, de défi en défi, son passé hyper conventionnel lui refait intérieurement surface et la jeune femme apprendra à l'apprivoiser...
De par sa brusque scène d'introduction mariant nature, émancipation et une certaine violence physique, imageant un train-train de vie difficile par l'analogie du marteau et du clou, il semble tentant d'imaginer pour la suite une variation faussement nécessaire du Into the Wild de Sean Penn. Soulagement de tout un chacun, le film de Jean-Marc Vallée, transposant l'ouvrage Marcher pour se retrouver de Cheryl Strayed, se démarque par son usage à bon escient de la beauté et féminine et naturelle, tout en jouant volontiers avec nos attentes.
Wild surprend d'une part par la démarche psychanalytique qu'il emprunte, notre protagoniste se confrontant pleinement avec ses vieux démons en plein coeur des montagnes de la province canadienne de la Cascade Range. C'est une production s'intéressant à des sujets plus tabous, certes choisis de façon interchangeable mais touchants par leur universalité, là où justement le récit adapté des mémoires de Christopher McCandless allait droit au but en exhibant de plein fouet son rejet du système et un énorme doigt d'honneur envers le monde du travail.
Effectivement, le road movie de binôme est dénaturé ici en faveur d'une plus juste liaison entre Cheryl et les choses qui l'entourent.
Il lui suffira d'un passant, d'un recoin forestier éculé ou d'une blessure au pied pour faire réminiscence de la disparition de sa mère (Laura Dern), d'une certaine violence vécue à l'égard de son ex (Thomas Sadoski), certaines expériences sexuelles troublantes.
Ponctué d'une setlist musicale de choix rythmant pertinemment cette trame mélancolique (Simon & Garfunkel, Leonard Cohen, Portishead), Wild, à défaut d'une mise en scène contre toute attente pauvre en plans larges sur un cadre spatial ancré en arrière-plan, est une invitation à la méditation enrichissante, euphorisante autant qu'apitoyante, qui aurait sans doute mérité une dramatisation plus appuyée et une claque esthétique à la hauteur d'un tel périple.