Devenu une sorte de classique notamment dû à sa particularité de se dérouler pour la première fois, du moins de façon aussi importante, en pleine communauté amish, « Witness » fait plutôt belle figure trente ans après. Si le Peter Weir « américain » n'est plus celui de toutes les audaces dans son Australie natale, il reste un très grand professionnel, certes classique, mais appliqué, amenant beaucoup de soin à l'image et aux différentes scènes, dont certaines savent clairement nous séduire.
Le réalisateur sait trouver un bel équilibre entre polar et aspect plus intimiste, faisant constamment preuve de beaucoup de sobriété, de pudeur quant à ce qu'il décrit, développe, ne cédant jamais à une forme de facilité. Cela amène peut-être à un léger manque d'intensité, parfois, l'intrigue ne présentant pas de grandes surprises, mais il y a une vraie sensibilité, d'autant que si les « méchants » présentent un intérêt plutôt limité, le lien unissant l'impeccable Harrison Ford et la (très) belle Kelly McGillis apparaît fort, émouvant. C'est du bon cinéma, fait avec intelligence et talent : ne serait-ce que pour ça, cette plongée en « territoire inconnu » vaut grandement le coup d'œil.