Étrangement, le film a été un échec critique et commercial. Étrangement car, visuellement, le résultat pose un véritable univers, hérité, bien entendu, des vieux classiques de la Universal, du gothique de la Hammer mais aussi du travail, notamment, de Tim Burton. La présence de Rick Baker aux maquillages (qui montre que l’ensemble n’a pas tout sacrifié aux effets spéciaux) assure également une filiation entre les autres succès du genre que sont Le Loup-Garou de Londres et Hurlement. Si la production et le tournage ont été chahutés, notamment, pour des raisons de divergences artistiques, l’ambiance du film est un atout indéniable en même temps que son interprétation de haut vol. Certes, on ressent une hésitation parfois entre le film de genre (le film est particulièrement gore) et le blockbuster hollywoodien (la lutte entre les deux loups-garous dans le final) mais Joe Johnston trouve, malgré tout, le juste équilibre, ou presque.


En effet le passage londonien a tendance à sombrer dans l’outrance visuelle et le final vise plus le spectaculaire que le tragique de la situation. C’est dommage mais cela ne gâche pas tout, loin de là. Le récit offre ainsi, de bout en bout, une véritable cohérence qui fait souvent défaut à ce genre d’entreprises. L’introduction n’est pas saccagée par une volonté de rapidement entrer dans le vif du sujet. Les personnages sont posés et on évite soigneusement de placer la charrue avant les bœufs. C’est ainsi l’occasion pour le spectateur de plonger tranquillement dans l’ambiance d’un film où on sait reprendre tous les marqueurs du genre. Le récit prend ensuite des chemins classiques mais celui-ci est dopé par plusieurs rebondissements cornéliens. Et, bien entendu, le tout n’oublie pas le romantisme qui avait porté le Dracula de Coppola (dont Danny Elfman semble s'être ici inspiré pour sa partition).


Le résultat est, bien entendu, bien moins puissant que ce dernier, mais, s’il est imparfait, il véhicule une véritable énergie et se pose comme une belle synthèse du film de loup-garou. Mal reçu et mal aimé, il vaut pourtant mille fois mieux que les recettes éprouvées qu’Hollywood s’évertue à nous servir depuis désormais deux longues décennies. Pas un grand film mais un chouette divertissement conçu avec un respect évident pour ses modèles.


Play-It-Again-Seb
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le 5 oct. 2024

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