"Wolf Man" s'inscrit dans la mouvance récente qui consiste à s'emparer d'une figure mythique de l'horreur, pour non pas la remaker mais la revisiter (la nuance induit nécessairement le talent du réalisateur et la qualité du film), en convoquant d'autres influences voire même d'autres références cinématographiques (de prestige évidemment), pour y apposer une patte nouvelle et en faire au final un objet hybride. Ainsi récemment, Eggers a rejoué un Nosferatu en mode mineur, mâtiné d'une imagerie zombiesque, tandis qu'Ellen sa victime expiatoire se mue en Regan McNeil.
Evidemment l'originalité se limite souvent à l'intention, et en guise de réécriture les nouveaux génies pondent au final un remake poussif, affreusement classique d'abord (il faut bien soigner la fan base), multipliant pour s'éloigner de la récitation, les démonstrations désordonnées "à la manière de" aux résultats pour le moins hétéroclites.
Cette formule, Leigh Whannell, élevé à la mamelle nourricière, mais carencée de Blumhouse, l'a déjà éprouvée avec son "Invisible man", plutôt réussi, mais délaissant ostensiblement le fantastique pour le thriller conjugal et il la réinvestit ici avec plus de force, encore convoquant Cronenberg, Spielberg
achevant la métamorphose de loups-garous en une horrible mouche imitant le cri des vélociraptors.
Cependant le principal problème de Wolf Man dépasse ici l'esbrouffe désormais éprouvée, puisque d'entrée la scène d'ouverture, et plus encore l'avant propos liminaire, dévoilent toute l'ossature du récit, coupant court pratiquement à toute tentative de suspens, ce qui vous en conviendrez n'est pas idéal pour un objet horrifique :
- Mais quel est donc cet animal poilu qui terrorise un père et son fils hors-champ : un ours ?
- Ah mais, on nous a expliqué cette épidémie de fièvre transformatrice nommée gueule de loup, alors peut-être est-ce un homme loup ???
Le fils que l'on aperçoit 30 ans plus tard apprend que son père est officiellement porté disparu dans l'Oregon, mais que va t-il donc trouver, en décidant d'emmener sa fille et sa femme dans son ancienne ferme ????????
Oui, the Wolf Man est un film qui rend hommage à la perspicacité de son spectateur flatte l'intelligence des foules, mais à part ça ?
A part ça, le bousin est certainement pétri de bonnes intentions, animé de travellings plutôt sympathiques ; les scènes de transmutation, même si elles empruntent beaucoup à la symbolique du Cronenberg cité plus haut, sont accompagnées de belles réflexion sur l'attachement. Le hors-champ, sonore surtout -trouvaille pourtant pas tout à fait nouvelle- trouve un bel écho (même si assurément les râles inquiétants sont ceux de dinosaure enregistrés à l'ère du jurassique) , le plan final est évocateur, ironique et nous projette vers une suite radicalement différente (?)...
Bref, on aurait aimé l'aimer ce Wolf Man, mais Leigh Whannell aurait sans doute gagné à essayer de suivre sa propre voie sans céder à l'imitation ou à l'hommage, l'écriture, le montage plombent réellement le propos et le jeu de l'acteur principal (dont nous tairons le nom en signe de respect pour ses proches)....