Après nous avoir subjugué avec sa réinterprétation magistrale de l’histoire de l’Homme invisible en mode pervers narcissique et masculinité toxique avec l’excellent « Invisible Man », le cinéaste australien Leigh Whannell (qui a aussi mis en scène la petite bombe « Upgrade ») déçoit fortement avec ce « Wolf Man ». Pourtant il avait mis toutes les cartes de son côté : un traitement réaliste si l’on peut le considérer ainsi au vu du sujet fantastico-horrifique, un casting d’acteurs compétents et le choix d’un sous-texte fort et contemporain avec cette fois l’héritage d’un père autoritaire et tyrannique (et donc toxique) pour le personnage principal. Tous les voyants semblaient donc au vert pour cette nouvelle série B produite par Blumhouse, l’usine à film d’horreur petits budgets et (souvent) gros bénéfices qui nous offre parfois de belles surprises, de « American Nightmare » à « Sinister », mais aussi beaucoup de daubes (on ne les citera pas tant elles sont nombreuses). Et si ce premier opus 2025 de la société est pourtant loin d’en être une, il n’est tout de même pas la réussite escomptée par la faute de choix pas forcément judicieux et surtout adaptés au fameux lycanthrope.
Le script développé ici fait le choix d’un minimalisme encore plus poussé que pour « Invisible Man ». Cependant, bien plus que le mythe de l’invisibilité et ses multiples possibilités visuelles st thématiques, celui du loup-garou est bien plus difficile à appréhender de manière sérieuse et psychologique. La preuve en est, les nombreux films l’ayant pris pour thème ne sont guère mémorables. Au mieux sympathiques et regardables (« Le loup-garou de Londres », « Wolf », ...) au pire complètement ratés comme le récent « Werewolves », proche de la série Z, le loup-garou semblant bien mieux satisfaire les récits littéraires comme ceux de Stephen King que les écrans contrairement à son cousin vampire. Le traitement très premier degré et sérieux choisi ici est louable et le film ne verse jamais dans le risible ou le raté mais il manque quelque chose. Peut-être que pour davantage rendre honneur au mythe il eut fallu un budget bien plus conséquent et faire le choix d’une histoire moins intimiste que ce long-métrage qui se déroule presque sur une unité de lieu et de temps avec quatre personnages seulement.
On se demande même parfois si l’on n’assiste pas à un pilote de série télévisée ou au prologue d’une histoire plus conséquente. En gros, le sentiment principal qui ressort de la projection est clairement la frustration. Le scénario est trop simpliste et on en attendait clairement plus. On peut noter aussi que l’excellente Julia Garner (« Ozark ») ne semble pas très à sa place ici. Malgré cela et ce côté volontairement sobre, on ne peut nier que la qualité des maquillages et des effets pour la bête sont très probants et réussis versant presque dans le body horror à « La Mouche » auquel on pense parfois par la teneur du récit. Aussi, la mise en scène du cinéaste australien est soignée et il joue parfaitement avec les paysages forestiers et nocturnes de l’Oregon avec une photographie très à propos faites de bleu et de vert. Il y a quelques moments de tension relativement bien rendus mais les véritables frissons et l’angoisse attendus ne sont clairement pas au rendez-vous d’une œuvre de genre bien trop avare en sensations. En gros, on reste sur notre faim (de loup) et on a les crocs en sortant!
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