Drôle de pays, l'Islande. Fier de ses valeurs et de son identité, ce que l'on ressent aussi bien dans ce film que dans les polars, par exemple, d'Indridasson ou de Thorarinsson. Un pays qui n'hésite pas à emprisonner ses banksters, à dégager ses dirigeants politiques corrompus ou à faire travailler un groupe de citoyens anonymes sur sa constitution. On croit rêver, hein. Et si des entités politiques à taille humaine étaient la solution à notre incommensurable faillite démocratique ?


Cette intro enthousiaste pour amener l'idée que "Woman at war" se situe parfaitement dans cette lignée : voilà une quinqua plutôt bobo engagée dans une guerre contre une multinationale de l'aluminium, Rio Tinto (dont les réalisateurs n'ont pas modifié le nom) et sa fonderie géante d'aluminium, dont elle considère que la présence n'est guère favorable à la préservation de l'environnement. Usine implantée en pleine pampa, donc et approvisionnée par de monstrueuses lignes à haute tension. Notons que cela correspond à des faits réels, une telle usine ayant été construite en 2010 et ayant d'ailleurs rencontré une forte opposition de la part de la population. Et ce sympathique groupe, Rio Tinto donc (22 Mds$ de chiffre d'affaires annuels), possède quelques usines en France, qui se sont signalées par des rejets de boues rouges dans les rivières environnantes...


Voilà donc que notre héroïne, Halla, se met en tête de saboter l'approvisionnement en électricité de l'usine géante, avec méthode et disons le, une compétence certaine, s'agissant notamment d'assurer sa sécurité et son anonymat. Au delà des scènes qui la montrent en action, l'intelligence du film est de s'attarder sur les réactions de la classe politique. Réactions là aussi probablement inspirées de faits réels (en 2010, le gouvernement islandais s'était félicité de l'accord passé entre Rio Tinto et la compagnie nationale d'électricité). Avec un matraquage médiatique, en tous cas, par lequel Halla se voit comparée à Breivik ou même à Daech. Et ça sonne on ne peut plus juste quand on se remémore les récents événements de Notre-Dame des Landes, par exemple, et leur traitement par certains médias.


Mais Halla a plus d'un tour dans son sac, dispose d'un atout maitre en la personne de sa sœur jumelle yogi et va parvenir à gagner la population locale à sa cause (en fait, un seul et unique éleveur de mouton, la région n'étant guère peuplée). Et elle parviendra ainsi à tenir tête à l'arsenal technologique (drones, jumelles de vision nocturne) dont disposent ses adversaires. Très symbolique tout ça, la guerre de la nature contre les technosciences.


J'ai personnellement moins aimé l'histoire de l'adoption de la petite fille ukrainienne, un peu cul-cul sur les bords. Mais bon, le film a pu être produit à l'aide d'un cofinancement ukrainien, j'imagine qu'il fallait bien y mettre une touche d'Ukraine. Et puis le trio de chanteuses ukrainiennes est très bien. Une des trouvailles du film est d'ailleurs de faire régulièrement apparaître les musiciens de la bande son dans le décor. Idée originale et sympa, et bien mise en œuvre. Très bon aussi, le coup du basané qui retrouve plusieurs fois dans le film au mauvais endroit au mauvais moment, et se fait du coup ramasser par la police. Joli clin d'œil, en somme.


Voilà, n'hésitez pas à aller voir la "femme des montagnes" en action, c'est rafraichissant, décalé, pas bête du tout et ça donne la pêche avant de partir en vacances...

Marcus31
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le 22 juil. 2018

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Marcus31

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