S'il y a bien des sujets clivants au cinéma, les films de Woody Allen y figurent en bonne place. Il y a les fans ultimes, les antis éternels et au milieu, les cinéphiles lambdas qui vont à la pêche en espérant un bon moment avec un aussi bon réalisateur. Je fais partie de cette dernière catégorie qui respecte son rendez-vous annuel avec le vieux new-yorkais.
J'ai déjà vécu beaucoup de choses avec celui-ci et on peut dire qu'il a le mérite de pondre des oeuvres qui ne laissent jamais indifférents, dans un sens ou dans l'autre. Si j'ai été séduit par Minuit à Paris et sa ballade mélancolique à travers un Paris arty rêvé et par Café Society par sa luminosité et son ambiance des années folles, j'avais été plus que refroidi par Blue Jasmine et Vicky Cristina Barcelona (au milieu de ces 2 extrêmes, les 2 films avec la magnifique Emma Stone pour lesquels je n'ai pas grand souvenir, pas que cela ne m'avait pas marqué mais j'ai un trou de mémoire.) Pour résumé la chose, j'ai un gros problème avec sa représentation de femmes névrosées hyperactives de la parole. Et Wonder Wheel fait définitivement partie de ces oeuvres.
Je me faisais un plaisir de voir un film dans les environs de Coney Island avec une histoire y mêlant la mafia. D'ailleurs, j'attendais beaucoup des rôles de Bobby « Fat Fuck » Baccala et Paulie « Ohhhhh » Gualtieri (Clin d'oeil aux fans des Sopranos). J'ai été autant douché que Mickey, Ginny et Carolina sous la pluie. Grosse déception de ce côté car je m'attendais à un jeu du chat et de la souris et vu le potentiel des 2 mafieux, il y a de quoi être déçu. Deux scènes pour 3 minutes expédiées.
Au niveau de l'histoire, on est dans un mélodrame pur et dur. Il faut clairement s'accrocher aux monologues longs, voir très longs. Je me suis perdu dans les monologues de Ginny et de Carolina. Littéralement perdu, voir endormi comme hypnotisé. Les scènes se chevauchent, s'enchaînent, comme si on avait une succession de petits clips, certains personnages passent d'une scène à l'autre, sans construction. Il y a une scène avec Kate Winslet (Ginny) qui m'a marqué dans le sens où je me suis dit « mais elle était dans sa chambre il y a 1 seconde, et elle est au cinéma là ? ».
Le rôle de Ginny est antipathique au possible. Une femme égoïste, jalouse et dépendante émotive. Kate Winslet arrive clairement à la rendre antipathiquement antipathique, follement folle et dangereusement égoïste. Je suis encore sous le choc de sa prestation dans The Reader mais son rôle m'a clairement autant assommé que les gosses de Florida Project. Cela en devient pénible de la suivre dans son délire. La décision de son personnage face à Carolina est à moitié surprenante mais la scène est mal foutue, trop longue, il manque quelque chose.
James Belushi (le mari de Ginny) est théâtral au possible. Pourtant, je suis un grand grand fan de ces rôles d'italos-américains fantasques et violents, dans la lignée des Sopranos et Affranchis ... mais là non, c'est ridicule. Il surjoue et vire dans la caricature.
Je n'ai pas d'avis particulier sur Carolina (Juno Temple). Le personnage est insipide et passe rapidement de la femme de gangster à petite fille serveuse suivant des cours du soir.
Justin Timberlake (Mickey, amant de Ginny et amoureux de Carolina) annonce la couleur d'emblée en se décrivant comme fan de mélodrame, poète et rêveur. Et bien, c'est le seul qui garde les pieds sur terre dans son rôle et est le plus agréable à suivre. Si c'était la volonté de Woody Allen de confier le rôle le plus « adulte » au poète de service, je dis bravo pour le message sous-jacent.
Bref, à vous de vous faire votre propre avis. Je vous déconseille le film si vous avez eu du mal avec Blue Jasmine.