Le dernier Wooody Allen, j'y vais presque par fidélité, principe, tout en sachant au fond que je ne serai pas séduit plus que ça. Et c'est à nouveau un peu ce qui est arrivé, même si c'est légèrement plus compliqué. Visuellement, je trouve « Wonder Wheel » vraiment très beau, magnifiquement éclairé, Allen n'ayant pas son pareil pour offrir une reconstitution soignée, élégante des 50's : de ce point de vue, rien à dire. C'est plus dans ce que le cinéaste a à raconter (en tout cas sur la durée) que le bât blesse. Si certains aspects sont intéressants, notamment dans la relation complexe et ambiguë liant Ginny et Carolina voire Ginny et Mickey, on sent bien qu'autour de cela, c'est quand même un peu vide.
Une fois les bases posées, les personnages présentés, c'est nettement plus laborieux et même si c'est bien écrit, pas mal pensé, cela manque vraiment de matière pour se passionner outre-mesure. Il ne se passe pas tant de choses, ça patine, malgré des sursauts et des réflexions intéressantes sur l'égoïsme, la solitude, la trahison, dont tout le monde sortira perdant. Heureusement, la divine Kate Winslet parvient à briller de mille feux : que voulez-vous, elle a la classe même dans les pires tenues et fait d'une héroïne très moyennement fréquentable une figure presque tragique, complexe et finalement assez attachante. Bref, c'est le Woody Allen contemporain : toujours grand directeur d'acteurs, plasticien ultra-doué, mais semblant toujours refaire un peu le même film dans un cadre et des circonstances différentes, sans apporter quelque chose de vraiment nouveau à sa belle carrière.