A l'époque, "Working Girl" fut un événement. Joli succès public, très beau succès critique, avec plusieurs nominations à la clé. Cela permit à Melanie Griffith de délaisser ses rôles sexualisés, pour aller davantage vers du cinéma mainstream. Ironie de l'histoire, l'actrice incarne justement une secrétaire aux instincts de trader, frustrée de ne pas être prise au sérieux dans le monde de la finance !
Je peux admettre qu'en 1988 ça devait secouer. On parlait beaucoup moins de la carrière des femmes, et de leur point de vue sur des environnements machistes tels que celui-ci. De même, quand le film pointe du doigt des cadres lubriques et obscènes (Kevin Spacey, toujours amusant en méchant de passage !), à l'époque plusieurs personnes devaient se sentir concernés. Et encore quelques-uns aujourd'hui, au vu des révélations post-#metoo...
Mais voilà, tout ceci a quand même sacrément mal vieilli. L'intrigue, sorte de variante de Cendrillon, est balisée et prévisible. Et question look, il faut le dire c'est un carnage !
Chez les messieurs, ça se limite à des costards typiques de l'époque, c'est moche mais ça passe. A part peut-être la coupe de cheveux mulet d'Alec Baldwin (dont le personnage est d'ailleurs peu utile au récit). Chez les dames, ça enchaîne les coupes de cheveux choucroute, et le maquillage camion volé.
Là vous allez me dire "Non mais tu te prends pour qui ? C'est justement un film sur la carrière des femmes et tu t'arrêtes à leur coupe de cheveux ?". Et bien oui, car ces coupes envahissantes décrédibilisent complètement certaines scènes. La palme revenant à la pauvre Joan Cusack, habillée par un coiffeur fou et un maquilleur qui avait du perdre un pari. Je ne serais pas surpris d'apprendre que l'actrice a tenté de détruire toutes les copies existantes du film...
Blague à part, "Working Girl" bénéficie tout de même de son trio d'acteurs. Je ne suis pas fan de Melanie Griffith, que je trouve un peu fade, mais elle a tenté une approche novatrice pour l'époque. Sigourney Weaver incarne une patronne hypocrite que l'on aime détester, mais que l'on verra malheureusement peu. Tandis que Harrison Ford est amusant, derrière le séducteur confiant se cache un homme d'affaire plus fébrile qu'il n'y parait.
Se laisse regarder, mais ne vaut pas (plus ?) sa réputation pour moi.