Il est particulièrement dommage de constater à quel point ‘Wrong’ n’égale pas la force absurde de ‘Rubber’. Pourtant, Quentin Dupieux propose de nombreuses idées intéressantes dans le registre : 7h60, le palmier transformé en sapin, l’analyse d’un logo de pizzeria, le blocage sur le footing, etc.
En fait, l’auteur-réalisateur fait faux-pas uniquement parce qu’il apporte trop de réalisme au récit. Non seulement les réactions de Dolph sont en général cohérentes, mais l’intrigue suit une véritable logique. Pire, la conclusion du récit est annoncée et se déroule exactement comme prévue. Si la situation finale était véritablement déjantée, le procédé aurait pu être amusant, mais ce n’est pas le cas, et la scène est vraiment décevante. On se contentera d’une surprise scénaristique qui sauve la fin du film du naufrage, mais blesse encore l’intérêt absurde de l’œuvre.
Heureusement, la faiblesse de l’absurdité de l’œuvre est son plus grand défaut. Quentin Dupieux propose une réalisation très propre et épurée. D’ailleurs, le filtre appliqué à l’image revêt les plans d’une dimension onirique intéressante, mais lassante à terme. C’est également dans son cadrage que Dupieux est original, même si le plan le plus mémorable (celui de l’affiche) ne l’est que par sa beauté formelle.
En ce qui concerne le casting, les acteurs sont plutôt efficaces. Seul Eric Judor ne convainc pas complètement, son accent français en cause. On retiendra par contre la brève prestation du policier, qui aurait mérité plus d’importance par la suite.
Quentin Dupieux est également Mr. Oizo, et compose donc sa propre bande-originale. Certes, les morceaux ne sont pas particulièrement frappants, les compositions s’accordent bien avec l’originalité de l’œuvre.
Bien en dessous de ‘Rubber’.