WWE Money in the Bank 2016
7.6
WWE Money in the Bank 2016

Spectacle (2016)

Au fond, la vie Américaine ou plutôt l'état de la masse Américaine est très facilement résumable. Imaginez des gradins, plein de gradins avec un monde de dingue. Tout le monde porte des pancartes, ça hurle, vocifère, s’écorche le larynx en vomissant des litres d’âneries et de coca. La salle est plongée dans l'obscurité mais le bruit produit une certaine cohésion de groupe des plus fines, ce n'est d'ailleurs pas pour rien que Terry Pratchett disait la chose suivante : "Le degré d'intelligence de cette entité qu'on appelle une foule est inversement proportionnel au nombre d'individus qui la composent". Au milieu de la large pièce, il y a un ring surmonté de trois cordes sur chacun des côtés. A l'intérieur, des hommes huilés se frottent la panse tout en tentant de coucher l'autre sur un sol humide de sueur. Parfois des femmes viennent s'y prendre le bec en petite tenue, pour le plaisir des yeux et non des oreilles, qui vrillent sous de petits cris perçants.


Alors que les lutteurs font leur cinéma pour exciter un public déjà au bord de l'apoplexie, un bonhomme rondelet et mal coiffé pénètre depuis l'entrée des artistes jusque sur le ring. Nos catcheurs n'ont guère le temps d'admirer le charisme relatif de ce blondinet qu'ils se font assommer par une mallette dorée, la fameuse serviette du Money in the Bank, celle là même qui te permets d'obtenir un match pour une ceinture quand tu le désires, où tu le désires, or, c'est le moment idéal. Notre homme fait le tombé en s'accroupissant sur le cadavre inerte d'un jeune black qui avait pourtant le vent en poupe à une époque. Un, deux et...trois ! Le héros récupère la ceinture sous les vivas hystériques de la foule, il est le roi. La méthode entreprise, on l'ignore de suite. Qu'importe la manière quand on connaît le prestige des acclamations d'un peuple entier. Si la victoire est évidente, ce que le public oublie néanmoins, c'est que ce personnage n'était pas des plus admirés ni respectés. Voyez, les gradins d'un public de Catch sont remplis d'amnésiques. Il arrive même parfois qu'un lutteur considéré comme "méchant" (lorsque ce dernier insulte la foule durant vingt émissions consécutives et pète les dents de gentils bonhommes) se fasse aimer pour des raisons encore et toujours obscures...


C'est pas comme si j'avais prévu à l'avance d'écrire sur l'élection Américaine...mais là, je dois avouer qu'on m'a un peu forcé la main, pour ne pas dire arraché l'épaule avec. Comme chacun le sait désormais, le nouveau "chef du monde libre" vient d'être élu président des États-Unis, en la personne du sagouin international : Donald Trump. On y croyait à peine, on se disait que les Amerloques ne pouvaient pas être plus cons que lorsque Bush est monté sur le trône pour nous jeter encore un peu plus dans une confusion militaire à échelle mondiale. Trump il est quand même différent. Il est malin, c'est certain. Le type doit être un sacré génie pour se faire élire après les boules puantes jetées dans son placard quelques semaines plus tôt. Quand tu vois des affiches "Women for Trump" tu te demandes si t'as la berlue, bon sang. Le larron te fait bien comprendre qu'une femme ça se périme à trente-cinq balais, et j'en passe sur tous les dossiers qu'on a pu ressortir (faut dire, quand tu veux devenir président, ils vérifient si le 24 Mai 1985 t'as pas fait un pet de travers) comme cette histoire où le quarante-cinquième chef du monde libre aurait dit à une gamine de dix ans que d'ici une décennie il se la ferait bien. Des détails tout ça, facile après tout de cracher sur les flammes d'une ambulance qu'on vient d'exploser. Taper sur Trump c'est devenu un truc trivial, faut dire que c'est un livre ouvert le monsieur, t'as juste à regarder et écouter pour t'en rendre compte et peaufiner ta ritournelle. Clinton, outre le fait que ce soit une femme, on s'en moquait un peu à vrai dire. La peste ou le choléra comme on dit. En l’occurrence, valait mieux s'opposer aux Républicains qu'autre chose. C'est un peu comme imaginer un second tour en France entre Juppé et Lepen. Bon, on pense ce qu'on veut de Juppé mais ça nous fera un 2002 bis. La politique c'est qu'affaire de grosses balloches qu'on expose sous le nez des autres en pensant qu'il va nous les baiser. Aberrant d'en être encore là... Les ''Build the wall'', insulter les mexicanos de violeurs, interdire les français sur le territoire, blablabla, autant d'absurdités qui n'ont fait que galvaniser une presse et un public facile. Dans les faits, espérons que rien ne se fera mais laissons tout de même se démerder les Ricains avec un homme d'affaire (qui souhaite évincer les élites, la blague) plutôt qu'un politicien. Va savoir si c'est mieux ou pire.


L'élection Américaine, en définitive, c'est ça ; une population amnésique et amatrice de catch international, qui n'apprend rien et suit n'importe quel blaireau leur promettant une carotte au bout d'un bâton. Attends, étrangement ça me rappelle un autre pays...

Fosca
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le 9 nov. 2016

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