Les X-Men reviennent sur nos écrans, deux ans après un " Days of future Past " qui avait mis tout le monde d’accord. Comme depuis 2011 et la nouvelle trilogie débutée par Matthew Vaughn, nous les retrouvons donc dans une histoire qui se déroule chronologiquement avant la trilogie originale. Cette fois encore, c’est le " père " des mutants, Bryan Singer, qui est au commande, a qui l’on doit notamment les épisodes de 2000 et de 2003. Mais, à la différence des films classiques que l’on a pu voir jusqu’à aujourd’hui, cet " Apocalypse " nous promettait plus de noirceur, un rythme différent et surtout, LE plus grand méchant jamais affronté par les X-Men...


Le film reprend donc une dizaine d’année après " Days of Future Past ". On est dans la droite lignée de la situation créée par le précédent film : on retrouve les personnages marqués par les événements et qui, si l’on reprend l’arc depuis " Le Commencement ", marquent une véritable évolution. Pour mettre un peu de discorde dans le tableau, il fallait un bad guy digne de ce nom. Impossible de ne pas considérer, sur le papier, qu’Apocalypse est sans aucun doute le meilleur des ennemis imaginables pour donner un coup de fouet aux films de super-héros. Singer l’a visiblement bien compris, et nous balance une séquence d’introduction énorme, renfermant plus d’une violence contrôlée que dix ans de Marvel chez Disney. Cette ouverture donne beaucoup à voir et à comprendre pour le traitement de " X-Men : Apocalypse ". On pense à cette direction artistique typée très comics, qui n’hésite pas à prendre des risques que l’on trouve payants. Que celles et ceux qui avaient peur de l’apparence d’Oscar Isaac se rassurent : l'acteur est d'un charisme fou...


Dans le vaste univers Marvel (en expansion continue), la tradition (du tiroir-caisse !) impose à une série de se développer par morceaux autour de ses personnages-phares, puis de faire table rase en lançant un reboot. Cela ne signifie pas que l’ensemble de la saga mérite d’être applaudit (Brett Ratner et Gavin Hood respectivement réalisateurs des " X-men : L'affrontement final " et " X-men Origins : Wolverine " sont passés par là !), mais elle présente, outre sa remarquable longévité, une capacité à absorber ses propres spin-off (" Wolverine : le combat de l'immortel ") et reboots (" Days of Future Past ") pour les fondre dans une masse paradoxalement homogène. Et si, face à " X-Men : Apocalypse ", on a l’impression d’une continuité de qualité et d’une réelle cohérence artistique, c’est sans doute parce qu’il y a au scénario et derrière la caméra celui qui officiait déjà au lancement du premier volet en 2000...


Côté personnages," X-Men : Apocalypse " souffle le chaud et le froid. C’est bien simple, l’équipe côté X-Men est irréprochable, certains auront même l’honneur d’apparaître dans les meilleurs séquences de leur existence dans l’univers cinéma de Marvel. On pense inévitablement à Vif-Argent, qui brille une nouvelle fois par son humour, son bagout et son côté décomplexé dans une scène encore plus fun et impressionnante que la très marquante scène d’évasion de " Days of Future Past ". Cyclope, Jean Grey et Diablo sont aussi de belles réussites, même si l’on aurait voulu que le premier des trois soit un peu plus mis en avant, tant chaque utilisation de son pouvoir est impressionnante. C’est du côté des vilains, et plus précisément des sous-fifres d’Apocalypse, que les choses se gâtent un peu. Pas que Magnéto, Psylocke, Tornade et Angel soient des déceptions, disons qu’ils ne sont jamais réellement développés. On sent qu’Apocalypse les tient sous son emprise, mais ce n’est pas assez appuyé, et finalement ce quatuor pourtant prometteur se fond un peu dans le décor, du moins quand ça ne bastonne pas. Car dès que l’action démarre c’est une autre paire de manche, et la déception s’efface pour faire place à une utilisation des super-pouvoirs intelligente, un étalage fantastique qui comble le spectateur en recherche de sensations...


X-Men : Apocalypse est différent de tout les films de super-héros que l’on a pu voir jusqu’à maintenant dans le sens où il est plus proche d’un film catastrophe que d'une réalisation super-héroïque classique. Singer s’est très certainement inspiré de longs-métrages catastrophes récents et il n’est pas très surprenant d’apprendre que le Directeur artistique, Ravi Bansal, travaille également sur un autre film du même genre : " Independance Day Resurgence ". Il y a un véritable côté Emmerichien dans cet " Apocalypse " qui fera le bonheur des amoureux d’effets spéciaux spectaculaires et dévastateurs. L’image est d’une grande beauté, alternant les décors urbains et les plaines désertiques, faisant voyager le spectateur entre la Pologne, l’Egypte et les Etats-Unis...


Singer n’a toujours pas digéré le fait de n’avoir pas pu réaliser X-Men 3. Car après avoir détruit la version de Brett Ratner en introduisant les voyages temporels et en modifiant la ligne chronologique de la saga, il ne se gêne pas, ici, pour piquer une nouvelle fois au vif le troisième opus de la saga. Avec humour pour commencer, en évoquant le 3e Star Wars des années 80, puisque le film se situe dans cette décennie : il fait dire à l’un de ses personnages que les numéros 3 sont toujours les pires volets des sagas. Mais beaucoup plus sérieusement, lorsqu'il exploite le véritable potentiel des pouvoirs de Jean Grey dans une scène prodigieuse. Et du prodige, il n'en manque évidemment pas, lorsqu'il nous présente enfin l'évasion d'un Wolverine tout en sauvagerie des mains de Stryker telle qu'on ne l'imaginait plus, nous faisant oublier cette insulte au personnage qu'ait été " X-men Origins "...


Loin de considérer les X-Men comme un filon d’adamantium s’exploitant jusqu’à épuisement, le cinéaste a pensé en profondeur la franchise. Depuis qu’il l’a reprise en mains en 2011 en co-écrivant et produisant " X-Men : Le Commencement ", il accomplit ce que Richard Donner, Tim Burton ou Sam Raimi ont fait avec Superman, Batman et Spider-Man avant lui : percevoir dans les super-héros autre chose que des gens en collants, dont les aventures pouvaient inspirer un matériau narratif audiovisuel, mais sans tout sacrifier au spectaculaire pur. Une authentique vision de réalisateur, hélas trop peu partagée !!!

Yoann_Carré
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le 18 mai 2016

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Yoann_Carré

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