X-Men : Days of Future Past placé sous le signe de l’éternel retour , bien sur celui des héros de X-Men : First Class que l’on retrouve dix ans aprés les faits décrits il y a trois ans dans l’excellente "origin story" de Matthew Vaughn, ainsi qu’une partie du casting original de retour pour la premiére fois depuis l’X-Men 3 de Brett Ratner en 2006.Mais éventement est bien sur le retour aux commandes de l’initiateur de la franchise Bryan Singer qui après un détour de plus de 11 ans à la lourde de tache de relancer la franchise mutante dans la course aux armements des adaptations de comics qui bat son plein entre les studios…Alors retour gagnant?


J’avoue ne pas avoir été enthousiaste à l’annonce du retour aux commandes de Bryan Singer suite au départ de Matthew Vaughn du projet tant j’étais fan de son X-Men : First Class qui avait pour moi parfaitement retranscris l’esprit et l’énergie du comics. Certes Singer à l’origine de la franchise fut empêché de réaliser First Class par la Warner qui l’avait contraint d’honorer son contrat pour " Jack le chasseur de géants" mais je craignais une forme de restauration de sa part ignorant l’apport, immense à mes yeux de Vaughn.

Heureusement il place le film dans la continuité de First Class, se servant également d’événements historiques comme toile de fond à sa saga mutante (ici les accords de Paris ayant mis fin en 1973 à la guerre du Viet-Nam succédant à la Crise des Missiles de Cuba). La ségrégation temporelle des personnages lui permet d’utiliser les deux distributions (celle de Vaughn pour les années 70 , son casting original pour le futur) sans en léser aucune.

Il rend dés l’ouverture du film un hommage appuyé au Terminator de James Cameron avec cette vision d’un New York post apocalyptique et ses camps de la mort futuristes. La boucle est doublement bouclée puisque les comics dont s’inspire Days of Future Past (The Uncanny X-Men #141-142) furent une influence majeure de Cameron pour son film et la scène fait aussi un écho aux ouvertures du premier X-Men et de First Class qui se déroulaient à Auschwitz.

Le scénario signé Simon Kinberg (X-Men 3, M.&Mrs Smith) en collaboration avec Matthew Vaughn et sa co-scénariste Jane Goldman puis avec Bryan Singer est un modèle d’équilibre entre l’exigence de produire un grand spectacle à la hauteur des espoirs de la Fox et le besoin d’ancrer ce spectacle dans une réalité émotionnelle. Il y parvient en faisant du choix de Mystique (Jennifer Lawrence) entre Magneto (Michael Fassbender) et Charles Xavier (James McAvoy) le pivot de l’intrigue.

Contrainte supplémentaire il doit concilier l’ensemble de la chronologie de la franchise étendue aux films solos de Wolverine et au le X-Men 3 de Brett Ratner , dont Kinberg signa le scénario et dont il déclare vouloir "réparer les erreurs" (les initiés comprendront vite de quoi il s’agit). Cette volonté d’établir une continuité unifiée, en utilisant futurs alternatifs et voyage dans le temps permettant des corrections semble naturelle tant ces jeux de continuité font parti des bases des comics X-Men.

Avec X-Men : Days of Future Past, Bryan Singer dispose pour la première fois d’un budget permettant de donner toutes leur envergusres aux affrontements du film.Il peut enfin utiliser les Sentinelles ces robots géants chasseurs de mutants qui firent l’objet d’un veto de l’ancien patron de la Fox Tom Rothman depuis X2. La scène d’ouverture qui met au prises les X-Men du futur (dont un méconnaissable Omar Sy en Bishop) avec des Sentinelles "adaptoides" qui contrent leurs pouvoirs à l’aide de pouvoirs volés à d’autres mutants (à l’occasion vous reconnaîtrez ceux d’Emma Frost de First Class et de Lady Deathstrike de X2) est emblématique de cette nouvelle orientation qui ne refuse plus le spectacle SF le plus débridé.

On retrouve dans ces scenes d’action la précision et l’inventivité de ses compositions (fantastique utilisation des pouvoirs de la mutante Blink qui a la faculté d’ouvrir des portails spatiaux) qui les rendent très lisibles même si elles leur font perdre du dynamisme comparées à celles de Vaughn.

Il a la chance de se reposer sur un casting d’excellence Hugh Jackman retrouve Wolverine pour la sixième fois (sans compter sa cameo auquel il est d’ailleurs fait référence dans le film) un Wolverine différent toutefois qui va avoir avec le jeune Xavier une relation à fond renversé de celle qu’il avait dans le premier film avec le professeur X. A son tour d’incarner la sagesse et la patience (qui ne reste pas son fort) face à un jeune Xavier perdu, brisé par le départ de Mystique et sa "rupture" avec Magneto. Le film narre la naissance du Professeur X tel qu’on le connait comme First Class fut celle de Magneto. James Mc Avoy incarne aussi bien la déchéance comme la détermination retrouvée, la scène qu’il partage avec son "moi futur" (Patrick Stewart toujours impeccable) est culte.

On retrouve aussi Magneto sous les traits de ses deux interprètes Ian McKellen dans le futur mais surtout Michael Fassbender qui incarne un Magneto qui maîtrise désormais son immense pouvoir et dont la détermination zélote dans son idéologie extrémiste en font un allié très volatile, malgré l’affection qu’il porte à Charles . Autre antagoniste l’excellent Peter "Game of Thrones" Dinklage incarne Bolivar Trask l’inventeur des sentinelles qui trouve une justification humaniste à la chasse aux mutants : il veut unir l’humanité contre un ennemi commun!

Le film regorge de personnages qu’on a plaisir à voir enfin exprimer le potentiel de leur pouvoir :Iceman dans sa forme de glace, Colossus montrer pleinement son potentiel physique et parmi les nouveaux protagonistes Omar Sy incarne un Bishop assez fidèle.

Beaucoup moins fidèle Evan Peters dans la peau du mutant Quicksilver qui ne partage vraiment que son pouvoir de vitesse avec son alter-ego de papier . Peter, un adolescent farceur avec un ADD dans le film peu conforme au tourmenté et hautain Pietro Maximoff du comics. Il est plus proche d’un personnage DC comics équivalent Impulse.Sa parenté avec Magneto est évoquée de façon un peu trop cavalière et aurait pu être réservée pour plus tard. Paradoxalement le personnage fonctionne bien en particulierlors d’une séquence spectaculaire construite autour de ses pouvoirs, dans l’esprit de celle de X2 avec NightCrawler, dont la réussite tient tout autant à la technique (filmée à l’aide de la caméra la plus rapide du monde) qu’au choix inspiré de la chanson qui l’illustre.

[Point de cameo de Stan Lee dans ce film mais les créateurs de comics sont à l'honneur avec lors de l'audition de Trask devant une commission sénatoriale la participation de Chris Claremont scénariste des X-Men pendant 16 ans, y compris de l'arc "Days of future Past" mais aussi de Len Wein le créateur de Wolverine.]

Coté technique il retrouve tous ses collaborateurs habituels avec entre autre son fidèle directeur de la photographie Newton Thomas Sigel et John Ottman, à la fois au montage et à la musique excellent dans le premier exercice mais qui livre une partition décevante mis à part son thème des X-Men (qui date de 1999!).Les séquences avec Magneto auraient bénéficié des motifs écrit pour le personnage par Henry Jackman sur First Class.

Au final avec son meilleur film dans la franchise Bryan Singer signe un retour gagnant, à la fois vrai blockbuster d’été à la grande richesse narrative et visuelle X-Men Days of Future Past fait la synthèse des épisodes précedents et ouvre une nouvelle ère pour l’univers mutant.
PatriceSteibel
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le 6 juin 2014

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PatriceSteibel

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