X-MEN : DAYS OF FUTURE PAST – 15/20
Après avoir passé la main pour un X-men 3 catastrophique et un reboot honnête mais pas très finaud (X-men – le commencement), Bryan Singer reprend les commandes de SA saga et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça change tout.
Avec son réalisateur originel derrière la caméra, la série retrouve la densité et la maîtrise narrative qu’elle avait indéniablement perdue avec Ratner et Vaughn et réinvestit des thèmes d’une profondeur peu commune pour un blockbuster de cette ampleur.
Dans la lignée de X Men 2, sans doute le film de l’univers Marvel le plus abouti, Days of Future Past dépasse son statut de films de super-héros pour se poser en grand film de science-fiction, cohérent et réfléchi, divertissant et intelligent.
En revenant aux sources de ce qui différenciait la mythologie mutante, Singer lui redonne un éclat qu’on n’espérait plus, accordant au fond au moins autant d’importance qu’à la forme. La question de l’ostracisation des communautés marginales est plus que jamais au cœur du récit, avec en fil rouge la menace d’un génocide. En débouche inévitablement des réflexions sur la radicalisation ou non de la lutte, la réponse par la diplomatie comme le défend Xavier ou par la force tel que le préconise Erik.
Plus que les prouesses visuelles et technologiques de ce nouvel épisode, c’est son propos général qui force l’admiration. Où plutôt comment Singer parvient grâce à une mise en scène à la fois inventive et efficace à mettre l’imposant budget à sa disposition au service de son histoire. Bien sûr, certaines scènes nous laissent bouche-bée (l’introduction, la formidable démonstration de Quicksilver), et malgré son côté très sombre le film n’oublie pas d’être fondamentalement cool et fun, mais jamais au détriment de ce que veut raconter son réalisateur. Il réussit notamment bien mieux que son prédécesseur à retranscrire l’esprit seventies, à coups de clins d’oeil et de jolies trouvailles.
En croisant les générations de mutants et en basant son scénario sur le voyage dans le temps, Singer prenait le risque de perdre son spectateur dans un récit trop tortueux. Mais malgré cette complexité, Days of Future Past conserve une grande fluidité narrative et nous donne constamment les clés pour le comprendre. Il se démarque des blockbusters lamda aussi et principalement par le soin porté aux personnages, des caractères forts, habités par des conflits intérieurs qui peuvent abriter aussi bien une sourde mélancolie qu’une rage de moins en moins contenue. Tout en aspérités et en contradictions, ils apportent au film la dimension dramatique qui fait si souvent défaut à ses semblables. Ils nous permettent d’appréhender le monde des mutants comme le voit Singer, c’est-à-dire évidemment un miroir du notre. Mais si le message est si audible, c’est aussi parce qu’il s’entoure d’acteurs tous remarquables, de l’impressionnant et émouvant James McAvoy au charismatique Fassbender, en passant par la révélation Evan Peters (génial dans la série American Horror Story) en Quicksilver ou évidemment Jennifer Lawrence qui parvient à donner à Mystique une dimension à la fois charnelle et sensible.
En revenant à l’esprit des débuts de la saga, Singer opère un magistral tour de force narratif tout en assurant un très grand spectacle. Impressionnant et rassurant sur la capacité des studios à délivrer à nouveau des blockbusters construits et dense qui n’insulteraient pas notre intelligence.