Xala est probablement le premier film de Sembène à traiter le Sénégal indépendant de manière aussi précise: ici, El Hadji, négociant fortuné, fête son troisième mariage, mais ne peut le consommer car il est rendu impuissant par le Xala, une malédiction ancestrale.
Ne cherchant ni le qui ni le pourquoi de cette malédiction, il tente simplement de s'en débarrasser. Il découvrira à ses dépens que son remède est loin d'être le plus important, et sa déchéance trouvera son apothéose à la fin du film.
Plus qu'une histoire individuelle, Sembène raconte ici la corruption et la malhonnêteté. El Hadji représente ce que les écarts de conduite peuvent amener, pour figurer plus clairement la classe politique, aussi bien africaine que mondiale. On ne peut s'empêcher de voir ce film comme encore terriblement actuel...
Comble de l'ironie (et en même temps paradoxe): non seulement le moins riche du film se révèle probablement le plus "heureux", mais en plus le grand gagnant de l'histoire se révélera être un voleur qu'on aura vu à l’œuvre un peu plus tôt.
Un film passionnant.