Le réalisateur écossais David Mackenzie commence à se faire une jolie réputation, avec les succès d'estime des récents "Hell or high water" ("Comancheria") ou "Starred up" (Les poings contre les murs"), par exemple.
"Young Adam" est l'un de ses tout premiers films, tourné sur ses terres natales, avec des comédiens locaux (mais néanmoins reconnus : Ewan McGregor, Tilda Swinton, Peter Mullan...) : Adaptant un roman de l'écossais Alexander Trocchi, artiste multicarte assez marginal, porté sur la consommation d'héroïne, Mackenzie propose une oeuvre ambitieuse mais difficile à appréhender, aux confins du film noir et du drame sentimental.
Avec son titre sibyllin, "Young Adam" est surtout le portrait d'un homme solitaire et lâche, perpétuellement en fuite, trop sensible et intelligent pour le monde qui l'entoure, avec lequel le seul lien qui subsiste est celui de la chair. On assiste d'ailleurs à plusieurs scènes de sexe assez crue voire provocatrice (Emily Mortimer fessée et recouverte d'aliments divers), qui viennent réveiller un récit un peu terne.
Mackenzie a du talent pour la mise en scène, parvenant à rendre son histoire presque intemporelle (au fil de l'eau sur une péniche, au milieu de la campagne écossaise, les repères temporels sont rares - même si le film se déroule dans les années 50). Par ailleurs, le réalisateur joue de sa structure en flashbacks, ces derniers survenant dans le récit comme des passages au présent.
En dépit de son ambition perceptible et de sa durée assez brève, "Young Adam" m'aura plutôt laissé sur ma faim, à l'image de son dénouement déceptif. Pourtant le personnage central est intrigant (sans doute un autoportrait de Trocchi, peut-être de Mackenzie?) mais l'ensemble manque de punch et de folie.