Voilà un film pour lequel ma perception a évolué en à peu près 45 ans. J'aurais probablement noté 10, aujourd'hui je suis plutôt à 7. Ce qui est déjà bien.
L'histoire relate de façon plus anonyme l'assassinat véridique d'un député Greporis Lambrakis à partir des éléments du roman de Vasslil Vassilikos. On ne va pas discuter ici si ce sont bien les circonstances exactes qui ont été transcrites ou si le roman prend quelques libertés avec la vérité. On va plutôt s'intéresser à la manière où tout ceci apparaît à l'écran.
Le film est assez manichéen et ne fait pas trop de nuances entre les méchants (l'armée, la justice) et les bons (les partisans du désarmement, les pacifistes) ; A trop vouloir démontrer, on court le risque de ne plus être crédible. Par exemple, les grands chefs militaires (Guiomar, Dux) qui mettent carrément les mains dans le cambouis pour manipuler les témoignages en contactant directement la valetaille (Bozzuffi, Salvatori) : c'est possible mais improbable, il est bien plus efficace et moins risqué de sous-traiter par des échelons locaux qui peuvent directement faire pression. C'est ce qu'on appelle la division du travail et la répartition des responsabilités…
Par contre, la sœur qui s'oppose au témoignage de son frère parce que son mari est menacé par son chef direct est bien plus crédible.
Côté acteurs, Montand cabotine toujours un petit peu comme d'habitude, Fresson, Bouise et Denner sont très bien. Irène Papas (la seule grecque dans cette affaire…) hiératique et digne.
Je m'interroge sur la pertinence de Jacques Perrin en vibrionnant journaliste ainsi que sur les développements inutiles sur la vie privée du député et de sa femme.
Une des plus belles prestations reste celle du juge d'instruction à savoir Jean-Louis Trintignant, incorruptible et tatillon. Dans la vraie vie, ce juge deviendra ultérieurement Président de la république grecque.
Je ne sais pas comment interpréter le piétinement de l'affiche de cinéma "Le bon, la brute et le truand". De même les flics coupant les cheveux longs à un manifestant en public me semble hautement invraisemblable. Les ciseaux font-ils partie de la panoplie du gendarme ou du policier ?
En conclusion Z reste un bon film politique, nécessaire pour porter témoignage des errements du pouvoir à la tête des états mais, avec un peu de recul, pèche par excès de démonstration…