Durant sa période dite auteuriste (les années 80 en gros), Woody Allen est revenu le temps d'un film sur un gros pastiche, et un détournement d'images d'archives de manière à créer une histoire totalement folle. C'est l'histoire d'un type banal nommé Leonard Zelig, qui a eu la particularité de traverser l'histoire de son pays et qui a tout vu/tout connu, de telle sorte que tout le monde le connait. Sa personnalité caméléon va jusqu'à noircir sa peau quand il est proche d'un Noir, de grossir à proximité d'une personne obèse, et d'avoir participé à des matches de baseball sans qu'il ne soit convié !
Au-delà de ce personnage complètement abracadabrantesque, Woody Allen traite de la psychiatrie sous une forme détournée. La grande particularité est qu'on voit plein d'images d'archives, mais dans lesquelles sont incrustées Zelig, joué par Woody soi-même, et l'effet à l'image, dix ans avant Forrest Gump, est saisissant. On le voit côtoyer des grands noms de l'Histoire et ça ne jure pas à l'écran, avec la tête improbable de Woody Allen.
On y trouve Mia Farrow, qui joue sa psy, et elle aussi montre un jeu comique rarement exploité de sa part, et qui devient en même temps qu'amoureuse de son patient, un peu zinzin sur les bords.
Ce détournement d'images, entièrement en noir et blanc, rappelle beaucoup le premier film officieux de Woody, nommé Lily la tigresse, où il avait là aussi parodié un film d'espionnage japonais de manière à créer une comédie burlesque. Mais, de la même façon que Les cadavres ne portent pas de costards ou La classe américaine, j'adore ce sous-genre qui est le détournement, et Zelig n'échappe pas à la règle avec un humour salvateur de bout en bout.