Après avoir commencé ma soirée au Pierrot Blanc, reconstruit grâce à l'habileté de Gérard et de Pat, me voici en train d'écrire quelques mots sur "Zéro de Conduite" de Jean Vigo…
C'est un film que j'ai vu à la télévision, peut-être dans une émission tardive du genre Ciné-club, il y a fort longtemps et ne m'en souvenais guère. Là, je vais avoir un sérieux problème pour lui mettre une note qui, à l'instant, peut varier de 1 à 10. Dire que j'ai aimé serait très exagéré. Dire que j'ai détesté, ce serait aussi faux car il y a des scènes amusantes voire même touchantes.
Tout d'abord, je m'interroge sur un point. Quelle est la raison de la censure de ce film qui fait qu'il fut autorisé en 1946 alors qu'il a été réalisé en 1933. La raison officielle c'est qu'il aurait été considéré comme anti-français, ce qui, à mes yeux, me parait excessif. Est-ce la révolte de quatre gamins contre l'autorité du pensionnat, extrapolée à une vision anarchiste du cinéaste ? Est-ce la ridiculisation du corps enseignant ? Est-ce la scène qui évoque la pédophilie latente d'un des profs ou l'amitié frisant l'homosexualité que semble ressentir deux des gamins entre eux ? Pour bien répondre, il doit falloir se remettre dans le contexte de l'époque où en France, en 1933, on sort de la guerre et on assiste à la montée des extrêmes sans qu'on ne parle encore des menaces naissantes liées aux fascismes européens.
Ce que j'aime bien dans le film, c'est l'esprit potache et certaines images poétiques. J'aime aussi beaucoup ce nouveau pion (Jean Dasté) qui se place résolument du côté des élèves avec ses facéties : sa marche à la façon de Charlot est irrésistible ou son poirier en salle d'étude. Certaines fulgurances comme le dessin qui s'anime ou la bataille de polochons …
Ce que j'ai moins apprécié c'est la faible technicité déployée par le cinéaste. Et je dis là, peut-être, une ânerie étant donné que ce film, considéré encore aujourd'hui comme culte, fut source d'inspiration de beaucoup de cinéastes. Mais, en 1933, le cinéma français produisait déjà des films parlants autrement mieux gaulés que celui-ci. Là, les dialogues sont très pauvres pour ne pas dire niais, la mise en scène réduite à sa plus simple expression (certains travellings sont presque ridicules) et le burlesque de certaines situations presque déplacé. Comme le proviseur représenté en nabot sentencieux. Sur l'instant, j'ai souri avant de très rapidement trouver ça très lourd …
Alors, de là à considérer le film comme un brûlot anarchiste ou libertaire, il y a un pas difficile à franchir pour moi. Même si les gamins brandissent sur le toit un drapeau noir qui me fait plus penser à un drapeau de pirates … D'où d'ailleurs la question que je me pose au début de ce pensum.
Alors, la note ? Ah oui la note … Ben j'vais pas me mouiller en disant 5 mais je comprendrais qu'on mette moins. Si on m'explique ce que j'ai loupé et qui serait génial dans le film, je peux même comprendre qu'on mette une note plus élevée.
En tous cas, je suis super content d'avoir revu ce film !!