Génie désocialisé, dépersonnalisé, fondu dans une masse déshumanisée, entre conscience et non-conscience de cette quasi-existence, Qohen Leth ne veut plus, ne peut plus, affronter, pour le temps qu'il lui reste, le monde extérieur. Il veut désormais travailler, rester chez lui pour attendre. Attendre l'appel, celui qui répondra à LA question.
Comme toujours Terry GILLIAM me fait revisiter de terribles angoisses : à quoi cela sert d'attendre ? Attendre quoi ? Attendre la mort ? Et le savoir ? Où est la réalité ? Où est la fiction ? Où sont les limites ? Il ne s'agit pas ici de se demander s'il y a un avant le Big Bang, mais qu'y a-t-il après.
S'interrogeant sur la relativité temporelle face à la certitude de la mort, sur le sens de la vie, celui qu'on lui donne, celui qu'on refuse de lui donner ? La vérité est-elle au sein d'un trou noir ? Comment vérifier le Zero Theorem ? Faut-il le vérifier ou en être un acteur ? Se laisser pour ce si court passage de vie sombrer dans le chaos de la nature ou lutter contre elle ? Et l'amour dans tout ça ? Quelle est la place de ce sentiment dans un tel monde ? Quelle est sa valeur ? Dans l'univers familial ou dans l'univers filial , amour endogène ou exogène, à force de le maltraiter, qu'adviendra-t-il de lui ?
Ce film est un bijou comme je les aime. Et oui, c'est du GILLIAM au service d'une science-fiction de qualité, et oui c'est du Monty Python, parce que c'est intelligent, cynique, juste, que les rires sont doux-amers, mais que la trace du questionnement sans réponse universelle encore à ma portée infuse, infuse .... et diffuse !!!
J'aime le travail de Terry GILLIAM parce qu'il confirme l'importance de l'art dans la prise de conscience des messages sur la valeur de la vie, ce qu'on en fait, les choix existentiels à notre portée, agir ou se plaindre, aimer ou haïr, sentir ou détruire ...
Bonne séance :)