Festival colorée et fantasmagorique Zero Théorem est une oeuvre originale, décalée et chatoyante qui renvoie indéniablement à Brazil. Prisonnier d'une société obsédée par le contrôle, le rendement et contrôlée par des hommes quasi devenu machine, Qohen attend. Personnage quasi absurde, il semble au delà de ses tocs et de son associabilité, un poète lunaire d'un autre temps, tentant de donner un sens à sa vie. Il attend ainsi un coup de téléphone salvateur métaphore d'une quête à laquelle il aspire, sorte de destin supérieur dont les voies semblent impénétrables, mais qu'il continue d'espérer.
Avec son exubérance et sa créativité fantasque Terry Gilliam pose ici une réflexion profondément pessimiste sur le monde, questionnant sur la place de l'homme et son apparente humanité. Si le thème a déjà été exploré, on ne peut s'empêcher de ressentir l'inéluctabilité de ses propos, comme s'il n'avaient jamais été aussi pertinents qu'aujourd'hui, la science fiction se rapprochant un peu plus chaque jour de notre réalité. A la fois poétique et mélancolique, Zero Théorem regorge d'ingéniosité, notamment lors de la séquence où Qohen sort de son sanctuaire pour la première fois, et que l'on passe d'un environnement silencieux à un espace auditivement saturé. La vision de l'amour est également des plus critique, la cyber relation dans un espace aseptisé remplaçant le contact réel, les rêves et fantasmes pouvant être modélisés de toute pièce, n'étant au final que de la fibre, composants électroniques et langage binaire.
Christoph Waltz est excellent dans ce rôle lunaire, proche de l'autisme et c'est avec une grande candeur qu'il nous fait par des angoisses les plus intimes de son personnage, un jeu contrasté, où la fragilité côtoie intimement la peur de la vacuité.